La police ougandaise a mis en détention 21 individus lundi 26 août, dont 19 hommes et deux femmes, alors qu’ils se dirigeaient vers l’ambassade chinoise et le Parlement pour soumettre une pétition contre un grand projet pétrolier de TotalEnergies. Samuel Wanda, leur avocat, a livré cette information à l’Agence France-Presse (AFP).
Huit des personnes arrêtées font partie de la communauté affectée par le projet, a précisé M. Wanda. Actuellement détenus au commissariat central de Kampala, la police n’a toujours pas clarifié les accusations portées contre eux.
Selon la pétition que l’AFP a pu consulter, ce projet pétrolier représente une menace pour l’économie locale ougandaise. Les militants réclament l’arrêt du projet et demandent justice pour toutes les personnes affectées.
TotalEnergies a annoncé en 2022 un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie, et la compagnie chinoise Cnooc. Ce projet comprend la construction d’un oleoduc (Eacop) de 1 443 kilomètres qui relie les gisements du lac Albert, à l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne, sur l’océan Indien.
Ce plan est condamné par les organisations de protection de l’environnement qui pensent qu’il menace l’écosystème sensible de la région et les populations locales. Le projet implique le forage de 419 puits (projet Tilenga) dans le parc naturel des Murchison Falls, une réserve de biodiversité remarquable en Ouganda de l’ouest.
Un écologiste, fermement opposé à l’énorme projet pétrolier, avait mystérieusement disparu en juin puis été retrouvé dans un état déplorable, clamant être arrêté et maltraité par les forces militaires. De même, en début août, 47 manifestants se dirigeant vers le Parlement pour protester contre le même projet pétrolier ont été mis en détention par la police ougandaise.
Le lac Albert, qui sert de frontière naturelle entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC), abrite une énorme réserve estimée à 6,5 milliards de barils de pétrole brut. Sur cette quantité, seulement 1,4 milliard de barils sont considérés comme récupérables à l’heure actuelle. Le président ougandais, Yoweri Museveni, qui règne sans partage sur le pays depuis 1986, décrit ce projet comme une manne financière incontournable pour son pays enclavé.
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