« Les horloges scolaires ne sont pas synchronisées avec celles du Palais-Bourbon », a déclaré Nicole Belloubet, ancienne ministre de l’éducation nationale. Sensible au contexte politique inhabituel de cette nouvelle année scolaire, elle a expliqué lors de la conférence de presse de rentrée, mardi 27 août, que son intervention avait pour objectif de faire le point sur les futures réformes et d’évoquer les projets qu’elle aurait souhaité réaliser, tout cela avec une liberté de parole inhabituelle.
« L’école ne peut pas attendre », a affirmé l’ancienne rectrice, face aux critiques sur sa légitimité. « La rentrée est prête », a-t-elle confirmé, alors que 12 millions d’élèves vont retourner à l’école à partir du lundi 2 septembre. Elle a insisté sur la nécessité d’un « apaisement dont notre système a grandement besoin ». Cet apaisement, qu’elle attribue à un « effort collectif », est le point central de son bilan mitigé, sept mois après son entrée en fonction début février.
Pour certains, c’était une sorte de discours d’adieu, pour d’autres, une tentative de postuler pour son propre successeur. Nicole Belloubet a profité de cette occasion pour prendre ses distances avec Gabriel Attal, avec qui elle n’a pas toujours eu de bonnes relations. Elle n’a pas mentionné dans ses commentaires l’instauration de l’uniforme, testée dans 90 écoles, ni l’introduction généralisée des cours d’empathie, voulue par son prédécesseur, le premier ministre démissionnaire actuel.
Les réformes sont au point mort.
D’après Nicole Belloubet, les flottements exprimés autour du budget 2025 sont indéniables, en particulier après l’envoi par Matignon de « lettres plafonds » à chaque ministère le 20 août. La conservation du budget de la République nécessiterait une « rigueur budgétaire spéciale » qui « ne satisfait pas tous les besoins ». Selon Belloubet, le budget de l’Education Nationale devrait être, à tout le moins, « mis sous cloche ». Cependant, d’après des informations provenant de l’entourage de Gabriel Attal, il est prévu que le budget 2025 pour l’Education Nationale augmente de près de 900 millions d’euros par rapport au budget final de 2024.
Outre ces divergences, Nicole Belloubet a tenté de faire le point sur les changements mis en œuvre à la rentrée, malgré la situation politique instable. La rentrée 2024 aurait dû voir le déploiement effectif du « choc des savoirs », un ensemble de mesures annoncé en décembre 2023 par Gabriel Attal pour « améliorer le niveau des étudiants français » et répondre aux performances variables des jeunes français dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, connu sous le nom de PISA. Cependant, le carrousel des ministres – Gabriel Attal, devenu premier ministre, a été remplacé en janvier par Amélie Oudéa-Castéra, puis 28 jours plus tard par Nicole Belloubet – et la dissolution ont entraîné une stagnation des réformes.
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