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« Écospiritualité: Reconnexion à la nature et autres »

Avant cette fin de journée au printemps, Frédérique, Vincent, Sarah, Jean-Denis et d’autres ne se connaissaient pas. La seule chose qu’ils avaient en commun était leur conscience aiguë des problèmes environnementaux. Une certaine dose d’angoisse écologique les a poussés à franchir la porte du centre social d’Aouste-sur-Sye, près de Valence, pour une session d’initiation appelée « Travail Qui Relie » (TQR). Au-delà de cette porte, une quinzaine de personnes, en majorité âgées de 25 à 40 ans, déambulent lentement dans une grande salle calme. Si des regards se croisent, un moment de silence prolongé doit être observé, un échange muet troublant pour les plus timides. À travers la porte entrouverte, on peut entendre les chants des oiseaux et le bruissement de la Drôme à proximité, où le groupe a partagé un moment de méditation plus tôt.

Les yeux fermés, les participants sont encouragés à poursuivre leur déambulation dans la salle. Quand leur chemin croise celui d’une autre personne inconnue, ils sont invités à explorer, toucher, et ressentir tous les aspects de la main de l’autre. C’est une expérience qui déstabilise. « Qu’avez-vous là ? (…). Cette main est un outil de connaissance autant que d’action. (…) La personne devant vous est probablement tout aussi touchée par les souffrances de la terre et de l’humanité… « , dit Aurélie Moy, située au centre de la pièce. Elle est l’une des deux « facilitatrices » de cette session d’initiation de trois heures au TQR.

Au cours de ces dernières années, l’activité qui favorise le lien entre les individus a gagné en popularité, en particulier parmi la jeune population adulte. Les ateliers se répandent partout en France et durent généralement de un à cinq jours. Comme il est de coutume aujourd’hui, ils offrent constamment une séquence de quatre étapes, incluant des moments de méditation, des expériences sensorielles (telles que marcher pieds nus en pleine nature, entrer en interaction avec un arbre, un autre être humain, et plus encore), parfois des danses et des chansons. Ces étapes sont entrecoupées par des moments de conversation en groupe ou en duo, où chaque participant doit exprimer ses émotions positives et négatives, ses petits plaisirs quotidiens, ses craintes ou ses inquiétudes concernant le dérèglement climatique, ses aspirations pour l’avenir…

L’exercice manual symbolise l’objectif de cette activité, qui est de « créer des liens entre les gens pour leur montrer qu’ils ne sont pas seuls face aux enjeux mondiaux », indique Aurélie Moy avant de commencer l’atelier. Mais le concept est également de les aider à renouer avec la nature et leurs émotions : la peur, la colère, l’anxiété, le désespoir. Selon elle, ces émotions sont souvent ignorées par les individus rationnels que nous
sommes. Elles créent parfois une « souffrance silencieuse », mais elles peuvent être transformées en courage et en force pour s’engager.

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