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26 août 2024 21 h 06 min

Sismomètres Haïtiens Mesurent Pouls Terrestre

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Dans ses propos, Pascal Pelleau met en avant la précision extrême des sismomètres du fond de l’océan, déclarant que ces petits bijoux de technologie pourraient détecter même le mouvement d’un crabe se déplaçant à proximité. Pelleau, qui est l’ingénieur principal sur le Pourquoi-Pas?, porte la double casquette d’un vétéran travaillant plus de trois décennies pour l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Il explique que ces sismomètres, également connus sous le nom de Ocean-bottom seismometers (OBS), doivent être calibrés peu de temps avant leur déploiement, ce qui rend impossible leur préparation à long terme. Chaque OBS est équipé d’une horloge interne en quartz, réactive aux variations de température. Pour minimiser ces fluctuations, Pelleau et son équipe connectent les instruments à un système satellite, dont les horloges sont plus stables. Ceci se déroule quelques heures avant l’immersion de l’OBS. Le but est de déterminer avec exactitude à quel moment l’onde sismique, produite par le canon à air du navire, atteint l’OBS. En effet, ils ne tolèrent aucune variation dépassant 22 millisecondes par jour pour l’horloge interne du OBS.

Le déploiement des soixante-cinq OBS de la campagne « Haïti Twist » est réalisé individuellement, tous les 5 kilomètres, ayant une envergure totale de près de 300 kilomètres. Le temps de repos entre les installations est minimal, avec une intervalle de trente à quarante minutes. Durant le processus de mise en œuvre, qui dure près de deux jours, des équipes spécialisées se relaient toutes les quatre heures, s’assurant que chaque instrument est préparé. Les OBS, dont le poids est augmenté par des ancres en fer, sont lâchés à l’aide d’une petite grue pour commencer leur voyage vers le fond de l’océan. Tout au long de la mission de recherche des failles sismiques autour de Haïti, l’OBS le plus profond s’est posé au sol à une profondeur de 5 500 mètres. C’est la profondeur maximale qu’il peut atteindre sans risquer une implosion sous la pression de l’eau, d’après la sismologue Chastity Aiken, qui le nomme le « gardien des profondeurs ». Elle ajoute que donner un nom à ces appareils rend leur responsabilité plus palpable.
Une fois que les sismomètres se retrouvent sur le plancher de l’océan, ils attendent dans l’obscurité pour enregistrer les ondes produites par les canons à air du navire, capables de voyager jusqu’à 40 kilomètres sous la surface de la terre avant de produire un écho. Cependant, avant de récupérer les données précieuses enregistrées par les OBS, il est nécessaire de les récupérer et de les ramener à la surface.

Une expédition maritime est lancée. Depuis leur laboratoire, Pascal Pelleau et son groupe émettent régulièrement un signal sonore avec une fréquence unique, intégrant un code binaire spécifique à chaque OBS. « C’est comme si nous composions leur numéro de téléphone personnel à chaque fois », dit-il. Lorsque l’OBS entend l’appel, il comprend : « Ah, c’est pour moi ! ». Sa batterie interne déclenche alors un courant qui est envoyé à une petite plaque en acier inoxydable en contact avec l’eau. Les électrons accélèrent la corrosion de la plaque jusqu’à ce qu’elle se rompt en quelques minutes, libérant ainsi l’OBS de son ancre et lui permettant de remonter. Quant au poids, il reste au fond de la mer et se corrode jusqu’à se dissoudre après quelques années. Vous avez encore 51.96% de cet article à découvrir, la suite est accessible uniquement aux abonnés.