Un important bouleversement a eu lieu dans le gouvernement tunisien. Le président Kaïs Saïed a opéré un changement soudain le dimanche 25 août, sans explication, juste un peu plus d’un mois avant l’élection présidentielle.
Ce changement a entrainé le remplacement de dix-neuf ministres, y compris les ministres des affaires étrangères et de la défense, et de trois secrétaires d’État, suite à la démission début août du premier ministre, qui n’avait pas été remplacé.
« Ce matin, (…) le président de la République a décidé d’effectuer un changement ministériel », a communiqué la présidence.
Mohamed Ali Nafti, un ancien diplomate qui a travaillé dans plusieurs ambassades tunisiennes, notamment en Grèce, en Espagne et en Corée du Sud, est le nouveau ministre des affaires étrangères. Il était secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères lorsque M. Saïed l’avait licencié en 2021.
Khaled Shili, un autre ancien diplomate et ex-responsable au ministère des affaires étrangères, a été nommé ministre de la défense. Il a entre autres été ambassadeur en Jordanie.
Selon le bureau du président, les trois nouveaux secrétaires d’Etat aideront le ministre des affaires étrangères, le ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques et le ministre de l’emploi.
Des candidats potentiels « interdits de se présenter ».
Le président élu démocratiquement en 2019, Saïed, à l’âge de 66 ans, a pris le total contrôle des pouvoirs suite à un coup d’état le 25 juillet 2021. Aujourd’hui, il est sous le feu des critiques pour son comportement autoritaire, selon ses opposants et détracteurs. Dans le cadre de ce qu’il a appelé une « guerre de libération et d’autodétermination », il cherche à remporter un deuxième mandat présidentiel, dans le but de « fonder une nouvelle république ».
Les élections présidentielles auront lieu le 6 octobre et les deux autres candidats en lice sont Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un chef du parti libéral et entrepreneur quadragénaire.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a déclaré mardi qu' »au moins huit candidats potentiels ont système judiciaire, été condamnés ou emprisonnés » et, de fait, ont été empêchés de se présenter à ces élections. Parmi eux, on retrouve Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, leaders de l’opposition, ainsi qu’Abir Moussi, dirigeante du Parti destourien libre et symbole de l’opposition nostalgique des anciens régimes de Habib Bourguiba et Zine El-Abidine Ben Ali.
« Après avoir mis en prison de nombreux opposants et des militants célèbres, les autorités ont presque éliminé tous les concurrents sérieux de la course présidentielle, réduisant ainsi cette élection à une simple formalité », a affirmé Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient – Afrique du Nord pour HRW.
Plusieurs candidats se sont plaints d’avoir eu des obstacles administratifs pour obtenir des formulaires de parrainage et un extrait de leur casier judiciaire.
En écriture différente et avec une modification de la syntaxe, l’annonce du licenciement du premier ministre Ahmed Hachani a été faite par l’office présidentiel le 8 août, sans fournir de justifications officielles. À la suite de l’acquisition de l’autorité absolue, M. Saïed a modifié la Constitution, remplaçant le système parlementaire en place par une structure de règle ultraprésidentialiste, réduisant le Parlement à un rôle insignifiant. En outre, il est accusé par ses détracteurs d’avoir détruit pratiquement toutes les institutions de contrepoids établies depuis l’instauration de la démocratie et l’effondrement de la dictature de Ben Ali en 2011, à la suite du Printemps arabe. Aidez-nous à réutiliser ceci.