Avec une chemise rose tenu à l’intérieur d’un pantalon blanc, un coucher de soleil sur l’océan en fond, un sourire en coin et les yeux légèrement froncés, Jordan Bardella est disponible sur TikTok, accompagné par le morceau Forever Young, pour montrer à ses deux millions d’abonnés qu’il est actuellement en vacances, tout comme son parti, sa dirigeante et ses 126 membres du parlement, sans oublier que ses assistants parlementaires et ses partisans sont également en vacances. Ces vacances furent très attendues, venant après deux campagnes épuisantes et, surtout, une victoire subtile : celle d’avoir consolidé sa position en tant que premier parti politique de France.
Tandis que nous scrutons l’Elysée où le président s’apprête à décrire l’ambiance de la rentrée, et que les Jeux Olympiques ont revitalisé la France et Paris, nous avons quelque peu oublié ce que le Rassemblement National (RN) a réussi à obtenir il y a quelques semaines grâce à une préparation minutieuse.
L’expression « bataille culturelle » est devenue récemment populaire. Anciennement un héritage marxiste laissé par Antonio Gramsci [1891-1937, philosophe et membre fondateur du Parti communiste italien], hier une stratégie de Marion Maréchal décrite dans le Livre noir [média d’extrême droite fondé en 2021] et autres Valeurs actuelles, la bataille culturelle est désormais sous les projecteurs réactionnaires grâce à des journalistes, des politiciens et même des séries télé telles que La Fièvre. Cette bataille culturelle, prévue pour précéder la victoire politique, n’a jamais été aussi intense.
La conquête de l’internet.
La première initiative a été de créer des institutions éducatives, telles que l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques dirigé par Marion Maréchal. Une place spéciale est réservée pour l’Institut de formation politique d’Alexandre Pesey, un ancien activiste de Renouveau étudiant qui est est lié au Front national. Il se vante d’avoir formé plus de 3 200 jeunes dévoués au service de la France. Cet institut offre des formations de deux jours pour maîtriser le rôle de collaborateur parlementaire, et invite des personnalités notables telles que Dora Moutot – la muse de l’extrême droite, Geoffroy Lejeune – le rédacteur en chef du JDD, et Charles Gave – le bailleur de fonds de l’extrême droite. Il octroie également des récompenses à des influenceuses comme Alice Cordier – une nationaliste féminine sur Instagram, et Thaïs d’Escufon – une youtubeuse masculiniste. En plus, il existe une division annexe, l’Institut libre de journalisme, destiné à former une nouvelle vague de journalistes pour un certain « pluralisme ».
Néanmoins, la guerre culturelle ne s’arrête pas aux institutions éducatives, elle s’étend à l’Internet avec la désinformation, l’astroturfing – une tactique qui usurpe et exploite des mouvements citoyens pour soutenir des intérêts spécifiques, et une excellente maîtrise des codes des médias sociaux, comme cela a été prouvé par les stratèges de Jordan Bardella qui ont deux millions d’abonnés sur TikTok. On compte environ 45 influenceurs de l’extrême droite qui génèrent plus d’un million de vues par mois, allant de Julien Rochedy à Le Raptor, tous deux reconnus pour leurs contenus sexistes, racistes, voire monarchistes et autoritaires.
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