Dans l’atmosphère chaleureuse de « Bonne aventure », un rideau de velours massif de couleur pourpre sépare une petite cabine du bruit environnant. Max, un jeune homme aux cheveux brun clair, vetu d’une veste kaki, est venu avec une amie, Romane, pour une consultation de cartomancie avec Louise. Les deux ont préféré garder leur anonymat. Louise explique que les cartes tirent un tableau de lutte, d’un obstacle qui le restreint et dont il doit se débarrasser. Elle montre une carte de tarot affichant un serpent enlacé autour d’une épée. Max semble comprendre parfaitement le sens de son tirage.
Depuis 2021, Louise Térive (un pseudonyme) propose des séances de tarot et d’astrologie tous les jeudis et vendredis soirs à Ground Control, un ancien entrepôt de la SNCF, qui est désormais un endroit incontournable du 12e arrondissement de Paris. C’est l’endroit où la jeunesse vient pour dîner, prendre une bière, jouer au ping-pong, flâner dans une librairie et un magasin de disques, fouiller parmi des fripes, et bien sûr, pour avoir leur lecture de tarot et leur signe astrologique.
Loin de l’image typique de rêveurs naïfs ou d’excentriques, la majorité des visiteurs de Louise sont des étudiants et de jeunes professionnels travaillant dans la capitale. Son service a un certain prix, avec un tarif de 25 euros pour une lecture flash de quinze minutes et de 80 euros pour une consultation complète d’une heure. Malgré cela, beaucoup n’hésitent pas à payer pour ces services.
L’attrait pour l’astrologie, la cartomancie et la tarologie a augmenté depuis l’apparition du Covid-19 et reste fort, selon une enquête IFOP de 2022 menée auprès de 2 000 jeunes. L’étude révèle que 61 % des jeunes entre 11 et 24 ans croient en au moins une forme de parascience telle que l’astrologie, la cartomancie ou la chiromancie. Plus spécifiquement, 50 % croient que les signes du zodiaque peuvent définir la personnalité; 38 % croient aux prévisions des médiums; 33 % à la lecture des lignes de la main; et 27 % à la cartomancie. Cette tendance touche toutes les couches de la société, malgré l’absence de preuves scientifiques soutenant ces pratiques.
Louise Térive, par exemple, a été fascinée par l’astrologie peu avant ses 18 ans quand elle a découvert le thème astral que sa mère avait fait préparer à sa naissance. Pour cette famille qui ne pratique aucune religion, il s’agissait d’un simple cadeau de naissance. Cependant, ce document complexe qui mélange les planètes, les signes, les maisons et les aspects, a été une véritable révélation pour Louise. Elle raconte : « En le lisant, j’ai découvert des informations précises, correctes et éclairantes sur moi-même. Cela m’a aidé à comprendre mes contradictions internes entre un aspect imaginatif et un autre plus rationnel, que j’ai souvent eu du mal à réconcilier. Le voir écrit clairement a été un grand soulagement pour moi ».
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