Dans une première dans l’histoire de la rentrée scolaire, Nicole Belloubet, la ministre démissionnaire tient une conférence de presse traditionnelle le mardi 27 août, malgré son statut de « ministre des affaires courantes». La veille de ce rendez-vous, elle avait rassemblé les recteurs et les directeurs académiques des services éducatifs nationaux pour discuter des objectifs clés de l’année scolaire à venir, qui débuterait le lundi 2 septembre, pour douze millions d’étudiants et plus d’un million de personnels.
Cette situation est sans précédent dans l’histoire de l’éducation en France. Claude Lelièvre, un historien de l’éducation, a noté que bien que quatre ministres de l’éducation aient été nommés en juillet pendant la cinquième République, et une ministre, Najat Vallaud-Belkacem, ait pris ses fonctions le 26 août, avoir une ministre démissionnaire à la rentrée était inouï.
Malgré les critiques concernant la légitimité de son discours, l’entourage de Belloubet soutient qu’elle fait son travail. Ils affirment que le contexte politique ne devrait pas affecter la rentrée scolaire longuement préparée. De plus, de nombreux acteurs sur le terrain conviennent que le rôle du ministre n’est pas aussi important pendant la rentrée, comme l’a noté Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN-UNSA. Selon lui, ce sont les recteurs qui gèrent les derniers réglages et les dernières affectations des enseignants, tandis que les proviseurs et les principaux pilotent les établissements.
Dans le contexte d’un changement imminent de gouvernement et suite aux résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2022, Nicole Belloubet se trouve face à un défi de taille pour définir la direction éducative de l’année académique à venir. Malgré les incertitudes, on ne peut s’empêcher de se poser la question « A-t-on un leader? »
La conférence de presse de la rentrée est considérée comme une plate-forme majeure pour tout ministre de l’éducation pour annoncer leur politique générale. C’est lors d’une telle conférence que Pap Ndiaye (2022-2023) a dévoilé pour la première fois ses plans concernant la diversité sociale. Dans la tradition de ce rituel politique de rentrée, Gabriel Attal, un an plus tard, parlait de l’idée d’un « choc des connaissances » pour améliorer la performance éducative des étudiants français.
La fin d’août voit l’entourage de Nicole Belloubet admettre que « Il n’ y aura aucune nouveauté annoncée comme cela pourrait être le cas dans une situation normale. » Depuis sa nomination en février, l’ancienne rectrice a passé ses premiers mois à calmer les frictions, tout en poursuivant sur la voie tracée par son prédécesseur controversé, Gabriel Attal. Elle envisageait, avant la dissolution de l’Assemblée, d’utiliser la conférence de presse de rentrée pour laisser son empreinte, notamment dans la refonte de la carte des priorités éducatives, le soutien à la mixité sociale et le débat sur les horaires des élèves.
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