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25 août 2024 21 h 06 min

Parmi l’armoire des réalisateurs de films

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L’idée commune tend à imaginer le dressing d’un réalisateur à la manière d’un cliché fellinien. D’habitude, un homme (dans un univers où les rôles de leadership sont majoritairement masculins) donne ses recommandations sur un plateau, vêtu d’un costume sombre, une chemise légèrement chiffonnée, un chapeau, une cigarette et des lunettes teintées.

Cependant, « How Directors Dress », une étude kaléidoscopique écrite en anglais qui décortique la garde-robe de réalisateurs du passé à aujourd’hui, publiée par A24, une société de production et de distribution américaine à la pointe de la mode, propose une perspective plus large. L’ouvrage, de plus de deux cents cinquante pages illustrées et accompagnées d’écrits principalement journaliers de mode (Charlie Porter, Claire Mary Healy, Sami Reiss, Lauren Sherman).

On y découvre les tendances stylistiques des réalisateurs les plus photogéniques : les blousons en cuir de Pier Paolo Pasolini, les chemises Charvet préférées de Sofia Coppola, ou les figures rouges d’Agnès Varda. On y aperçoit aussi les accessoires les plus prévisibles. Par exemple, les lunettes sombres d’Abbas Kiarostami ou Wong Kar-wai qui, en plus d’améliorer leur vue limitée, attribuent une allure sérieuse et semblent protéger l’accès à l’artiste, dissimulé derrière les lentilles.

La casquette rappelle qui commande sur le plateau : Steven Spielberg en a fait son talisman. Au fur et à mesure, l’ouvrage examine le rôle de la cigarette, la présence constante de la chemise simple et classique, les smokings ou les excentricités sur le tapis rouge. Il éclaire également à nouveau certaines femmes réalisatrices des premières années d’Hollywood (Dorothy Arzner, Mabel Normand, Frances Marion) qui ont été photographiées en action, mais qui ont été éclipsées au fil du temps par leurs homologues masculins, notamment Charlie Chaplin.
Parmi les tenues ou accessoires de goût douteux.

Les réalisateurs ne se révèlent pas seulement lorsqu’ils sont assis dans leur célèbre chaise pliante en toile. On les observe également dans des circonstances risquées. Ainsi, nous voyons Kelly Reichardt, enveloppée dans une doudoune, en train de filmer l’Oregon en hiver ; Francis Ford Coppola torse nu sous l’humidité des Philippines pendant le tournage tumultueux d’Apocalypse Now (1979) ; James Cameron, en combinaison, dans l’eau, donnant des instructions à Kate Winslet et Leonardo DiCaprio pour la scène du décès de Jack dans Titanic (1997).

Cependant, c’est l’essai de Rachel Tashjian qui retient le plus l’attention. La journaliste du Washington Post a examiné pourquoi certains réalisateurs sont attirés par des vêtements ou des accessoires de goût discutable. Rainer Werner Fassbinder avec un perfecto en cuir et des « lunettes porno », Martin Scorsese en t-shirt de The Clash, Pedro Almodóvar avec un look improbable signé Jean Paul Gaultier… La journaliste s’interroge sur la raison qui pousse ces grands noms du cinéma à se tourner vers le grotesque vestimentaire. « Les réalisateurs se présentent souvent eux-mêmes en tant qu’artistes », observe-t-elle.

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