Smaïn Bendjilali, un imam de 43 ans connu sous le nom d’Imam Ismaïl à Marseille, se retrouve sous le feu des critiques politiques. Considéré par certains comme un progressiste qui utilise la trottinette et lutte contre les gangs de drogue, par d’autres comme un fondamentaliste qui prône le djihad, la charia et la subjugation des femmes, il est actuellement dans le viseur de Pierre-Edouard Colliex, le préfet de police des Bouches-du-Rhône. Le 20 août, une procédure de fermeture contradictoire a été initiée pour la Mosquée des Bleuets, située au cœur du 13e arrondissement marseillais où le chef religieux officie. Cette démarche a été commandée par Gérald Darmanin, l’ancien ministre de l’Intérieur.
Une lettre de sept pages a été remise à l’Association des Bleuets, dans laquelle les autorités prétendent que les déclarations d’Imam Ismaïl inciteraient à la haine et à la violence, en particulier contre les femmes. La correspondance, qui réexamine des publications de Bendjilali depuis 2017 sur les réseaux sociaux et les hadiths (discours du Prophète) mentionnés dans ses sermons, suggère que l’Imam a une vision fondamentaliste de l’Islam. Il est également accusé d’être proche de prédicateurs haineux, certains ayant été déportés, et de soutenir le Hamas en exprimant des attitudes haineuses envers Israël sous le prétexte de l’antisionisme. Fait notable, en octobre 2023, la mosquée avait invité un prédicateur des Frères musulmans qui avait qualifié une attaque survenue le 7 octobre de « révolte » et de « châtiment divin » pour l’orgueil juif.
Smaïn Bendjilali et les dirigeants de la mosquée des Bleuets disposent jusqu’au 30 août pour soumettre leurs réflexions et essayer de persuader le préfet de ne pas imposer une fermeture temporaire du lieu de prière, laquelle peut durer jusqu’à une demi-année. Plusieurs individus ont déja suggéré au préfet de réviser cette décision, y compris un imam de Marseille qui souhaite rester anonyme et qui encourage fortement le dialogue entre religions. « C’est une politisation excessive et si on creuse davantage, ça ne donnera rien », prédit-il, mettant en valeur que l’imam Ismaïl prend part à des discussions avec des prêtres et autres imams qui se déroulent alternativement dans une mosquée ou une église. En novembre 2023, il avait accueilli un rabbin au sein de la mosquée pour discuter des frictions intercommunautaires découlant de la situation à Gaza. « S’il était salafiste, il n’engagerait aucun dialogue, ni ne voudrait voir quiconque » estime cet imam, qui pense que « une vieille image lui est injustement associée ».
Lisez le reste de l’article si vous êtes abonné.