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25 août 2024 22 h 09 min

« Emmanuelle Lambert: Plus de Cachette »

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Présentant son œuvre, « Aucun respect », Emmanuelle Lambert fait la une. Le livre, publié par Stock, comprend 226 pages et coûte 20 € pour une version papier et 15 € pour une version numérique. Il a été sélectionné pour le prix littéraire « Le Monde » 2024.

Lambert avait été introduite au monde littéraire avec son livre, Mon grand écrivain (Les Impressions nouvelles, 2009), qui présentait une photographie d’Alain Robbe-Grillet à l’avant, tandis qu’elle, une jeune Lambert, était à l’arrière, son visage dissimulé par ses cheveux. C’est leur relation basée sur le travail sur les archives léguées par Robbe-Grillet, l’auteur des Gommes (Minuit, 1954), à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), qui a servi de thème principal du livre.

Le travail de Lambert ne s’est pas arrêté là. Depuis, elle est née en 1975, elle a consacré plusieurs de ses œuvres à différents écrivains. Ces œuvres comprennent Apparitions de Jean Genet (Les Impressions nouvelles, 2018), Giono, furioso (Stock, Prix Femina essai 2019), et Sidonie Gabrielle Colette (Gallimard, 2022). Elle avait aussi écrit sur son père dans « Le Garçon de mon père » (Stock, 2021) et avait publié trois fictions.

Maintenant, elle reprend la tâche de rendre hommage à « le pape du Nouveau Roman » dans son œuvre récente, « Aucun Respect », qui est à la fois galvanisante et amusante.

Sur la photographie de la couverture, l’écrivaine est seule, de face, affichant un sourire discret, le regard pareillement espiègle. Il y a une dimension poignante dans ce passage d’une image à une autre, à travers un ouvrage inaugural vers le neuvième d’une écrivaine pleinement en contrôle de son pouvoir littéraire. Ceci illustre parfaitement la citation initiale de l’écrivaine britannique Deborah Levy : « Il est déjà suffisamment difficile d’apprendre à devenir écrivain, mais apprendre à devenir un sujet est éreintant. »

Dans ce contexte, « devenir un sujet » n’indique pas que l’écrivaine construit son œuvre autour d’elle-même, obsédée par son autoportrait. Au contraire, elle est capable de prendre du recul par rapport à elle-même et aux événements, se traitant comme un « sujet » identique aux autres. Ainsi, elle finit par « se dévoiler », comme le lui avait demandé son éditeur dans Giono, furioso.

Le roman est un voyage initiatique. « Aucun respect » se base, bien entendu, sur des réalités tangibles, mais il le fait avec la souplesse suggérée par le titre dédaigneux de ce texte à la troisième personne et au passé simple qui se révèle être un roman de formation. Celui d’une jeune femme qui, embauchée à l' »Institut » pour classer les archives d’Alain Robbe-Grillet (le seul, avec sa femme, Catherine, à apparaître ici sous son nom), va connaître son développement intellectuel, social et sentimental, à l’aube des années 2000. Elle doit également acquérir une éducation « de genre » : elle et ses amies doivent « composer avec le fait que leur corps semblait être devenu public », navigant entre les commentaires paternalistes et les attitudes déplacées, subvertissant en douceur les hiérarchies.

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