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25 août 2024 12 h 09 min

« Dialectique Guerre-Drogue en Israël »

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Au début du siècle dernier, les premiers immigrants sionistes en Palestine se voient souvent comme une forme de suprématie occidentale sur un Orient alors considéré comme décadent. Un tel préjugé a alimenté une forte réticence à l’égard du haschich, produit au Liban et en Syrie, mais très populaire en Egypte, où la prohibition du cannabis n’a fait qu’augmenter son prix sans jamais parvenir à endiguer son usage de masse.

A cette époque, la Palestine sert principalement de territoire de transit pour les multiples réseaux de trafiquants. En 1938, les nationalistes arabes sont accusés par le quotidien le plus populaire en hébreu, de se livrer à la consommation de haschich et d’autres stupéfiants. Dès la création de l’Etat d’Israël en 1948, la prohibition des stupéfiants est institutionnalisée, ce qui provoqué de fortes controverses, six ans après, lors de la découverte de cultures de cannabis par des petits groupes d’immigrants marocains.

Le succès d’Israël lors de la guerre des Six-Jours en 1967, qui résulte à l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza, coïncide avec l’émergence de la culture hippie en Israël. De nombreux jeunes, après avoir accompli leur service militaire (trois ans pour les hommes et deux pour les femmes), choisissent de passer plusieurs mois en Inde, dans un voyage psychédélique qui doit les préparer à la vie active en Israël. Une sous-culture banalisant l’usage des « drogues douces » s’installe alors progressivement.

La pénétration israélienne au Liban en 1982 a ouvert les portes du marché israélien aux cultivateurs libanais de haschich, accentuant l’attrait du cannabis dont le coût a significativement baissé. En 1983, il a été constaté que l’Israël a reçu approximativement 700 tonnes de haschich et une demi-tonne d’héroïne du Liban. Une recherche effectuée en 1988 révèle qu’un israélien sur dix serait un usager régulier, tandis qu’un sur cent serait un drogué dépendant.

Ceci dit, un tel enjeu de santé publique exacerbé par une réelle faiblesse en matière de sécurité. Il est à noter que la milice pro-iranienne du Hezbollah a pris le contrôle d’une grande partie de la production de haschich et d’héroïne au Liban, utilisant ces drogues comme appât et monnaie d’échange avec des officiers israéliens compromis. En 2000, un colonel à la retraite, attiré à Dubaï par la promesse d’une affaire rentable, a été enlevé et remis au Hezbollah à Beyrouth.

Il a été libéré après quatre années, en échange de la libération par Israël de 435 prisonniers arabes, comprenant des cadres supérieurs de la milice chiite. En 2006, un colonel en service en Israël a été condamné à douze ans de prison pour trafic de drogues et espionnage pour le compte du Hezbollah, qui payait pour sa coopération en héroïne. Cette condamnation marquante a signalé la fin de l’ère libanaise des drogues en Israël qui avait duré un quart de siècle.

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