Malgré l’appréciation particulière de Hubert Descans pour Saint-Philibert (Morbihan) pendant ses vacances, des changements sont en vue. Tandis que sa partenaire profite des promenades le long de la côte, Hubert préfère courir, connectant sa résidence secondaire, une maison de trois chambres, à l’Atlantique. Il contemple avec plaisir la baie de Quiberon et son activité de bateaux le lundi 19 août. Ayant acquis cette maison il y a huit ans, il a toujours profité de sa tranquillité loin du tumulte et de la chaleur du sud et considère cet investissement judicieux, réalisé à une époque où il menait une vie prospère, les taux d’intérêt étaient faibles et les prix immobiliers plus abordables.
Toutefois, cet investissement « rentable » s’annonce plus coûteux pour ce consultant indépendant natif de Rambouillet (Yvelines). En août 2023, Saint-Philibert a rejoint la liste des 3 697 communes classées en zone touristique tendue, ce qui a permis aux responsables municipaux d’augmenter la taxe d’habitation sur les résidences secondaires de 5 % à 60 %. Dans cette localité balnéaire, où 60% des propriétés sont fermées en dehors de la saison touristique, le conseil municipal a voté pour une augmentation de 30 %. Ce phénomène n’est pas inhabituel en Bretagne, où les trois quarts des 156 communes concernées appliquent ce nouveau régime fiscal. Aucune autre région n’utilise autant cet impôt.
Hubert Descans est confronté à la hausse d’impôts qui ajouterait au moins une centaine d’euros à son prochain avis d’imposition. Ses voisins partagent son sentiment de résignation, prenez par exemple Hervé, un dirigeant d’entreprise breton qui choisit de garder son anonymat pour ne pas révéler son patrimoine. Hervé dit qu’il a acheté dans la région pour vivre paisiblement et n’a aucun problème à payer quelques centaines d’euros de plus sans créer de scandale. Il est actuellement occupé à cuisiner les coquillages qu’il a ramassés le matin à marée basse.
Dans une commune voisine, Ronan Le Délézir, le maire adjoint de Crac’h, sans affiliation politique, tente d’expliquer l’augmentation de 40% des impôts dans ce petit village de 3400 personnes qui compte moins d’un quart de résidences secondaires. Crac’h, ne disposant pas d’accès à la mer, a subi de plein fouet les conséquences du désir croissant des gens pour la vie côtière. En raison de la rareté des propriétés abordables en bord de mer, beaucoup de résidents secondaires sont attirés par Crac’h, ce qui entraîne une augmentation des prix immobiliers. Les habitants moins fortunés se voient donc obligés de s’installer plus à l’intérieur des terres. Ronan Le Délézir, professeur de géographie à l’université Bretagne-Sud, attire l’attention sur ce phénomène depuis plus de vingt ans. Maintenant en tant qu’élu, il plaide pour une régulation du marché, affirmant que cette nouvelle taxe n’est certes pas une solution miracle, mais qu’elle donne une certaine marge de manœuvre aux collectivités.
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