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24 août 2024 21 h 11 min

« Talibans interdisent chant, lecture, déplacement aux Afghanes »

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Juste une semaine après avoir marqué leur troisième année au commandement, les talibans ont instauré de nouvelles interdictions pour les femmes en Afghanistan, allant de l’interdiction de chanter et lire à haute voix en public à la récitation de poésie. C’est un nouveau stade dans l’effort de la République islamique d’Afghanistan pour opprimer la voix des femmes, déjà oppressée depuis le retour au pouvoir des fondamentalistes, le 15 août 2021.

Les nouvelles règles, qui figurent dans l’article 13 de la loi « pour la prévention du délit et la promotion de la vertu », mettent en œuvre de nouvelles exigences pour les femmes. Les femmes doivent désormais se voiler en public, couvrant leur visage pour ne pas « tenter » les hommes. Leur tenue ne doit pas être « mince, serrée ou courte ». Les femmes doivent maintenant se voiler, même face à des hommes et des femmes non musulmans, pour prévenir la « corruption ». Il leur est également interdit désormais de se parfumer ou de se maquiller. Les Afghanes ne peuvent plus voir des hommes qui ne sont pas des membres de leur famille ou leur époux – et vice versa -, ni se déplacer sans un mahram ( un homme de leur famille). Auparavant, elles pouvaient s’aventurer jusqu’à 70 kilomètres loin de leur maison sans accompagnement, bien qu’elles fussent souvent contrôlées. En mai 2022, les talibans avaient « conseillé » aux femmes de ne pas quitter leur maison, « sauf en cas d’urgence ».

Chaque soir, Sonia (le nom a été changé pour protéger son identité) passait du temps devant sa télévision dans son appartement du quartier résidentiel de Kaboul. C’est là qu’elle a découvert l’instauration de cette nouvelle réglementation. « J’avais ma petite fille de trois ans endormie dans mes bras. Je l’ai contemplée pendant un long moment avant de m’écrouler. Je n’ai pas réussi à pleurer ni à crier. Les Talibans ont déjà tout pris de moi, et maintenant, ils veulent littéralement nous suffoquer », se lamente cette femme de 47 ans. Sans emploi aujourd’hui, elle se pose des questions sur l’avenir qu’elle pourra offrir à ses deux jeunes filles face à la persistance des Talibans. « Elles ne pourront pas continuer leur scolarité au-delà de l’âge de 12 ans et je refuse qu’elles soient mariées avant leur majorité. Elles n’ont aucun futur ici », se résigne-t-elle en critiquant l’indifférence de la communauté internationale face aux abus des droits humains commis par les Talibans. Elle souligne que cette situation est une preuve de l’alignement des Talibans avec la charia.

Le texte original a été fait dans un document de 114 pages avec 35 articles, définissant des restrictions parmi les plus rigides pour les femmes afghanes depuis que les talibans ont repris le pouvoir. Cette loi, officiellement promulguée après sa ratification le 21 août par le chef suprême invisible Haibatullah Akhundzada, est une étape cruciale dans l’intégration de l’interprétation talibane de la loi islamique par le département de la promotion de la vertu et de la prévention du vice. Mélissa Cornet, une chercheuse spécialisée dans les questions de droits de l’homme basée à Kaboul depuis janvier 2018, a indiqué que « la communauté internationale a fait des droits des femmes sa priorité. Cela rend difficile pour les talibans de faire des progrès dans ce domaine sans que cela ne soit perçu comme un échec. Cependant, les talibans obtiennent petit à petit une reconnaissance diplomatique de facto de la communauté internationale sans devoir faire de concessions. »
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