En face d’un immeuble manifestement délaissé, décoré de street art, situé rue de Stalingrad à Montreuil (Seine-Saint-Denis), un rassemblement d’environ cinquante personnes a eu lieu en fin d’après-midi du jeudi 22 août. Au milieu de la musique, des boissons sur une table et des enfants qui jouent, une certaine inquiétude demeurait malgré la joie apparente. Depuis le 14 août, une fraction des quarante familles du Collectif de Gambetta a investi cet immeuble abandonné, suite à l’avis de la justice qu’aucun prolongement d’occupation n’était permise pour leur squat de la rue Gambetta, qu’ils habitent depuis deux ans. Dans les deux situations, ce sont des « immeubles laissés vacants depuis longtemps. Ce sont des gens qui se battent pour avoir un toit, mais ils ne prennent pas le toit d’autrui », tient à préciser une résidente, membre du collectif de soutien, qui a préféré rester anonyme.
Au bout d’une semaine d’occupation de ce nouveau squat rue de Stalingrad, les résidents et leurs alliés ont décidé de prendre position. « Nous ne voulons ni détruire, ni voler, ni casser ici. Nous avons des intentions louables et souhaitons prendre soin de cet immeuble où nous sommes installés depuis une semaine », déclare une résidente du squat, qui a choisi de ne pas révéler son identité. Le collectif a tenté de prendre contact avec le propriétaire, le promoteur immobilier Sopic, pour discuter d’un accord d’occupation provisoire qui leur permettrait de rester.
Célia Mougel, juriste et chargée d’études à l’observatoire des expulsions des lieux de vie informels, expose une forme de contrat qui implique de demeurer dans un édifice sur une durée déterminée, d’en assurer l’entretien et de le rendre au propriétaire si celui-ci envisage un projet sur le site en question. Elle regrette que ce mécanisme soit peu connu, soulignant l’abondance de bâtiments vides appartenant à de grands constructeurs ou aux collectivités. Selon elle, cette forme de contrat pourrait aider à résoudre le manque de logements et la forte instabilité des personnes forcées de se retrouver en squat.
Le Collectif de Gambetta, qui compte de nombreuses femmes enceintes ou mères d’enfants, redoute surtout d’être la cible d’une expulsion instantanée, sans avoir à comparaître devant un tribunal. Un membre du collectif de soutien précise que les autorités ont le choix entre attendre une procédure juridique ou utiliser la loi Kasbarian-Bergé qui criminalise et donne le droit à la police d’entrer dans le bâtiment pour expulser immédiatement.
L’article complet est accessible aux abonnés, il reste 60.21% à lire.
Laisser un commentaire