Dans l’esprit du public, la plantation d’un arbre est considérée comme un acte éco-responsable. En se déclarant prêt à planter un milliard d’arbres sur une période de dix ans pour « revitaliser » les forêts françaises, le président Macron a cherché à laisser une impression durable. Cependant, gérer une forêt ne signifie pas seulement planter des arbres. Au contraire, en faisant de la plantation une norme, Macron a opté pour une politique forestière qui encourage les pratiques les plus discutées au détriment d’une sylviculture durable basée sur les processus naturels et la résilience.
Il a été observé que dans plus de 85% des projets mis en œuvre, la forêt a été déboisée avant d’être replantée. Dans certains cas, malheureusement, cette déforestation est nécessaire. Cependant, les critères de sélection des projets sont si peu clairs que de nombreuses irrégularités ont été et continuent d’être commises. Une forêt peut être déclarée endommagée ou vulnérable si 20% de ses arbres sont en déclin. Par conséquent, même si 80% des arbres sont vivants, la forêt peut être déboisée et replantée, souvent avec des conifères, qui sont plus prisés par l’industrie.
Le raisonnement avancé est que si rien n’est fait, les forêts déclineront, il est donc nécessaire de les raser au préalable. Cependant, remplacer une forêt existante par une nouvelle est une décision risquée : les jeunes arbres plantés, exposés à la lumière directe, sont vulnérables à la chaleur et au stress lié à l’eau, alors que les arbres qui poussent dans une forêt dense bénéficient de l’ombre des grands arbres. Plutôt que de rectifier la situation, le gouvernement persévère : dans la nouvelle version des directives, les plantations qui ont échoué sont désormais éligibles aux subventions.
Il s’agit d’une question d’éthique médicale pour la forêt.
Il existe une contradiction croissante entre cette politique et la loi européenne. Il n’y a eu aucune analyse environnementale, même si les effets sur la biodiversité et le réservoir de carbone sont considérables. En choisissant délibérément de détruire des réserves de carbone, le gouvernement risque de ne pas atteindre son but d’absorption de carbone dans le domaine terrestre d’ici 2030, et pourrait donc faire face à une lourde sanction.
En outre, cette politique de plantation nécessite beaucoup d’argent public. Le programme forestier du plan de relance a couté approximativement 150 millions d’euros pour « renouveler » à peu près 36 000 hectares de foret, soit une dépense publique de 4 145 euros par hectare. Malgré cette forte dépense, nombreuses forêts, en particulier les forêts publiques dans le Grand-Est, n’ont pas pu être rétablies. Certains acteurs privés de la foret ont profité de ces aides pour financer des projets qui « ne sont pas directement liés à l’adaptation des forêts au changement climatique », comme le note la Cour des Comptes.
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