Catégories: Actualité
|
22 août 2024 4 h 09 min

« Trafic de drogue discret à Nîmes »

Partager

L’activité intense des bulldozers, la démolition d’un viaduc, et la destruction de parkings souterrains ont marqué le début d’importantes rénovations urbaines dans le quartier de Pissevin à Nîmes, France – connu pour être un point central du trafic de drogue. Ce chantier massif à proximité de la galerie Wagner, d’un coût total estimé à 250 millions d’euros, a commencé au plus fort de l’été dans l’un des quartiers les plus démunis de France. Même si cette transformation conséquente est prévue pour s’étaler sur cinq années, les changements sont d’ores et déjà palpables sur le paysage urbain.

« Ça donne une impression étrange, certains bâtiments ont disparu. Ils ont détruit toute la première section de la galerie. Et c’est tant mieux, » réagit Houria, rencontrée à la pharmacie avec ses deux enfants, le 19 août en milieu d’après-midi. « Nous attendons avec impatience, nous voulons que tout soit différent ici, » déclare cette femme dans la trentaine, née dans ce quartier et qui ne peut envisager de déménager, même si la vie quotidienne y est devenue insupportable.

Il y a un an, le 21 août 2023, Fayed, un jeune habitant du quartier âgé de 10 ans, a été tué en soirée par des balles perdues lors d’un règlement de comptes dans le milieu de la dopage. Cet incident a profondément marqué les habitants. Moins de deux jours plus tard, une autre victime a perdu la vie dans le quartier Pissevin. « C’était devenu un enfer, insupportable, » témoigne la sœur de Houria. « Dans les semaines qui ont suivi, il y a eu plusieurs fusillades. Heureusement, c’est moins fréquent maintenant. »
« Les autorités se sont mobilisées, » ajoute-t-elle.

Les 16 000 résidents de ce secteur urbain prioritaire, rongé par le fléau du trafic de drogues, se sont acclimatés à cette situation unique. Un jeune garçon en survêtement noir est seul, assis sous un pin face à la bibliothèque publique, qui est maintenant fermée car elle était encerclée par des trafiquants de drogue. Fixé sur son téléphone mobile, il sert de guetteur. Plusieurs operations nommées « Place nette » ont réussi à perturber la structure des narcotrafiquants, entraînant 400 arrestations effectuées cette année, et 136 peines forfaitaires délitement infligées principalement à Pissevin (contre 53 l’année précédente) depuis l’été 2023.

« Le lieu du trafic est nettement moins visible, » note Jérôme Bonet, le préfet du Gard. « Mais nous ne devons pas nier la réalité, le trafic de stupéfiants continue. » Bien que la situation à Pissevin ait été légèrement moins stressante, le secteur du Chemin Bas d’Avignon, à l’extrémité opposée de la ville, a été le théâtre de plusieurs ajustements de comptes liés au narcotrafic ces derniers mois.

Dès le jour où il a pris ses fonctions, le jour de la mort de Fayed, Jérôme Bonet a affiché sa détermination. Avec la procureure de Nîmes, Cécile Gensac, il a instauré deux réunions mensuelles consacrées à ces quartiers. La stratégie consiste à cibler les épiceries et sandwicheries suspectes, à augmenter les contrôles et à renforcer la présence policière dans les zones prioritaires de la politique urbaine.

La lecture de cet article est encore disponible à 49,96% pour les abonnés.