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Répression continue de la société burundaise

Quatre ans après l’accession au pouvoir du président Evariste Ndayishimiye, le Burundi connaît toujours une répression malveillante de la société civile, selon un rapport récentement publié par Amnesty International. Ce rapport met en lumière l’existence de « contraintes sévères », comme « l’intimidation et le harcèlement », « les arrestations », « les détentions » et « les procès injustes ». Amnesty International indique que la répression s’étend également aux membres présents et passés de la société civile burundaise. L’ONG demande la fin des représailles et des restrictions imposées à certains groupes et médias.

La crise politique de 2015 a laissé des cicatrices profondes au Burundi. Cette crise a émergé lorsque le président Pierre Nkurunziza a été réélu pour un troisième mandat, malgré les limitations constitutionnelles. Le mouvement de protestation contre cette réélection a suscité une vague de répression qui a fait plus de mille morts et a entraîné l’emprisonnement de 8 000 personnes pour des raisons politiques, selon un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). De plus, plus de 200 000 citoyens burundais, sur une population totale de 12,9 millions, ont été contraints de quitter le pays. De nombreux défenseurs de la société civile ont été soumis à une intense intimidation, arrêtés, tués ou ont disparu.

Malgré la libération de deux défenseurs des droits de l’homme et de quatre journalistes qui avaient été arrêtés sous le régime de son prédécesseur après l’accession au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye en juin 2020, le rapport souligne que la situation générale reste complexe. Quelques médias, dont Radio Bonesha, Isanganiro TV, la BBC et le site d’information indépendant Iwacu, qui faisaient auparavant face à des restrictions, ont été autorisés à reprendre leurs opérations. Cependant, l’espoir qui en a découlé s’est « affaibli ».

Amnesty qualifie l’espoir initial engendré par l’ouverture comme « diminué » aujourd’hui, car la chasse judiciaire et les arrestations visant les membres notables de l’opposition, de la société civile et des journalistes ont repris.

Néanmoins, la reporter Floriane Irangabiye a été libérée de la prison de Bubanza située dans le nord-ouest du Burundi vendredi dernier. Son arrestation remonte à deux ans pour son implication au sein de Radio Igicaniro, une station basée au Rwanda qui soutient les opposants. Elle avait écopé d’une sentence de dix ans de prison et d’une amende d’un million de francs burundais (environ 300 euros) pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». Le président burundais a signé, mercredi, un décret présidentiel qui accordait une grâce complète à Floriane.

Les associations, les syndicats et les ONG ont soulagé, même si, selon l’Union des journalistes burundais (UBJ), Floriane « n’aurait jamais dû être condamnée en premier lieu, puisqu’elle n’a fait que son travail ». Selon le rapport d’Amnesty, elle a passé une année dans « un milieu humide et fumeux », ce qui « aurait exacerbé son asthme et sévèrement affecté sa santé », avant d’être transférée de la prison de Muyinga à celle de Bubanza, localisée dans l’ouest du pays.

Selon Armel Niyongere, un avocat burundais exilé et président de la branche burundaise de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), le récent geste du gouvernement burundais est accueilli positivement, mais il reste insatisfaisant. Il appelle à des réformes structurelles pour garantir une justice indépendante et renforcer les droits de base des citoyens, au lieu de se limiter à des gestes symboliques. Selon Amnesty International, après des premières améliorations encourageantes, le régime burundais a rapidement repris ses méthodes répressives habituelles.

L’ONG rappelle ainsi les arrestations en octobre 2020 de l’avocat Tony Germain Nkina, ancien défenseur des droits de l’homme, et de l’ancien parlementaire de l’opposition Fabien Banciryanino, qui ont tous deux depuis été libérés. En février 2023, cinq militants des droits humains qui devaient assister à une réunion en Ouganda ont également été arrêtés. Bien qu’ils aient depuis été libérés, trois d’entre eux ont été jugés coupables de « rébellion », et le jugement a été contesté par le ministère public.

24 personnes ont également été arrêtées pour avoir participé à un atelier organisé par une ONG sur l’homosexualité en février 2023. Ce sujet est un point de discours récurrent du président burundais, Evariste Ndayishimiye, qui avait précédemment demandé à « lapider » ceux qu’il considère comme ayant « choisi le diable » en décembre 2023. Cinq personnes ont été jugées coupables d’ « incitation à la débauche » et ont été libérées en février.

Suite à sa remise en liberté, Floriane Irangabiye et l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) ont exhorté à la libération d’une autre journaliste du Burundi, Sandra Muhoza, en détention depuis avril. Elle a été mise en accusation pour  » compromettre la sécurité de l’Etat et inciter à la haine ethnique « , suite à des commentaires faits dans un groupe WhatsApp.

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