Catégories: Actualité
|
22 août 2024 15 h 06 min

« Fossé croissant entre gauche métropolitaine et rurale »

Partager

« Le vote rural a favorisé le Rassemblement national (RN) tandis que la gauche a détourné le regard. Toutefois, ce ne sera pas le cas longtemps. Partout en France, nombreux sont ceux qui ne considèrent pas les résultats des élections législatives comme une victoire, mais plutôt comme un avertissement. Nous devons réaliser qu’en l’absence de prise de conscience collective, ce réveil n’était qu’un sursis. C’est pourquoi, en tant qu’élus locaux, militants face à la montée du RN, nous lançons un « Appel des territoires » pour exhorter la gauche à relever le défi et à trouver le courage d’affronter cette dure réalité.
Un grand fossé se forme entre la gauche dominante des métropoles et celle qui doit se battre inlassablement dans nos campagnes et régions périurbaines pour canaliser une colère populaire qui lui échappe. Tandis que certains proclament des slogans antifascistes dans les places des grandes villes, nous nous efforçons de convaincre individuellement nos voisins, amis, et famille, que Jordan Bardella ne sera pas la solution à leurs problèmes, les mêmes qui nous font confiance au niveau local.
La divergence d’expérience entre nos territoires est immense. Il est temps de se reconnecter face à une menace qui a changé. Les 11 millions d’électeurs RN ne correspondent plus uniquement à ceux de Jean-Marie Le Pen en 2002. Ils symbolisent désormais un vote populaire qui estime que la gauche n’est plus la solution à leurs problèmes et craint même qu’elle puisse les aggraver. »

Notre démarche vise principalement à sensibiliser : qui est l’audience de la gauche ? Les personnes hautement éduquées, les cadres ou les intellectuels qui approuvent notre combat en faveur du climat, l’équité fiscale, l’égalité entre les sexes. Les résidents des zones populaires des grandes villes comprennent notre croisade infatigable contre les préjugés. Et après cela ? Dès que l’on s’éloigne des immeubles, des centres urbains et des transports publics, nous ne représentons plus une alternative mais plutôt l’élite. Une élite qui revendique un droit à la paresse lorsque la majorité aspire simplement à vivre décemment, qui semble plus enclins à protester contre les mégacentrales plutôt qu’à soutenir les agriculteurs en transition, qui prône le démantèlement de la force policière alors que les violences liées au trafic de drogue se propagent également dans les zones rurales.
Tant que certains à gauche seront perçus comme étant si déconnectés, ils ne feront que renforcer la volonté des électeurs du Rassemblement National de réprimander ces élites culturelles qui leur donnent des leçons pendant qu’ils travaillent acharnément sans jamais se plaindre.
Le ressentiment est le catalyseur
Il reste 53.35% de cet article à parcourir. Le reste est exclusivement accessible aux abonnés.