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21 août 2024 18 h 09 min

« Soudan: Guerre, Choléra et Santé Ravagée »

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Aïcha Mohammed, allongée sur un petit divan à l’hôpital de Wad Al-Hulaywah dans l’État de Kassala du sud-est du Soudan, murmure que sa souffrance est due à une diarrhée sévère. Ce quadragénaire qui vit à Wad Al-Hulaywah, une municipalité frontalière des États de Kassala et Gedaref, près de l’Éthiopie et de l’Erythrée, reçoit actuellement une perfusion pour atténuer ses symptômes de choléra.

Le ministère de la Santé a récemment annoncé une épidémie de choléra dans la nation, avec 556 cas confirmés de choléra, incluant 27 décès selon un rapport du mardi 20 août. Les états de Kassala et Gedaref sont particulièrement affectés selon Haitham Ibrahim, le ministre.

La communauté agricole de Wad Al-Hulaywah a été témoin des premiers cas le 24 juillet, selon Adam Ali, un administrateur local de santé. « Nous avons comptabilisé 150 cas jusqu’à maintenant, incluant sept morts », dit-il. M. Ibrahim attribue l’épidémie à la météo et à la contamination de l’eau potable.

Avant le conflit, les Nations Unies mettaient déjà en garde contre le destin des 48 millions de citoyens du pays, où 4 sur 10 n’ont pas accès à l’eau potable.

M. Ali a affirmé que le principal souci est l’approvisionnement en eau potable, puisque 69 % des résidents de la ville consomment directement l’eau de la rivière Setit s’avérant polluée. Celle-ci, prenant sa source en Éthiopie, traverse Wad Al-Hulaywah. Le niveau de pollution augmente en saison des pluies lorsque la rivière transporte de grandes quantités de limon.

Depuis quelques semaines, le Soudan est touché par des pluies diluviennes qui ont provoqué le déplacement de nombreuses personnes et l’apparition de diverses maladies. Ces précipitations et les inondations qui en résultent ont mené à une recrudescence du choléra. Selon Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « 11 327 cas, dont 316 décès » ont été recensés depuis juin 2023.

Le choléra, une maladie diarrhéique aiguë se transmet par l’ingestion d’eau ou de nourriture infectées par une bactérie. Elle cause une déshydratation sévère qui peut entraîner la mort en quelques heures, en particulier chez les individus jeunes ou affaiblis par malnutrition ou maladie.

M. Ali indique que le problème est intensifié par le manque d’assainissement. Pour combattre la propagation de la maladie, des travailleurs pulvérisent de l’insecticide devant l’hôpital de Wad Al-Hulaywah pour éliminer les mouches. Cependant, M. Ali affirme que de nombreux villages ont été déplacés en raison de la construction d’un barrage en 2015, et les nouvelles latrines creusées attirent les mouches faute d’entretien.

« La Situation Alarmante au Soudan »

Depuis avril 2023, le Soudan est marqué par un conflit armé entre l’armée commandée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane et les unités paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous la direction de l’ex-adjoint général Mohamed Hamdan Daglo. Une division géographique s’est installée dans le pays, où certaines zones sont sous contrôle militaire tandis que d’autres sont régentées par les FSR. Cette situation complexe affecte grandement l’accès aux services de santé.

Des secteurs importants des régions d’Al-Jazira et de Khartoum, où le ministère de la santé a signalé une épidémie de choléra, sont sous le contrôle des paramilitaires. Ces zones sont donc hors de portée pour les autorités de santé gouvernementales.

Ces deux forces en lutte sont accusées de nombreux crimes de guerre, incluant le bombardement indiscriminé d’areas habitées, ce qui a entraîné la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes et le déplacement de plus de 10 millions d’individus, d’après les données des Nations unies.

Des accusations de pillages et d’obstruction à l’aide humanitaire leur sont aussi reprochées. Elles auraient également pratiquement détruit un système de santé déjà précaire, avec plus de 70% désormais inopérant, selon l’ONU. Celle-ci a qualifié cette situation comme l’une des plus graves crises humanitaires récentes.

La plupart des missions humanitaires ont dû être suspendues, laissant de nombreuses personnes à leur sort. Hassan Al-Junaid, 49 ans, assis devant l’hôpital de Kassala, en est un parfait exemple : « Nous avons été forcés de déménager de l’Etat d’Al-Jazira à Kassala, où nous vivons maintenant dans des conditions éprouvantes, ce qui a conduit à l’infection de ma sœur. Elle est actuellement en quarantaine à l’hôpital et je ne peux pas rester avec elle », a-t-il confié à l’AFP. « C’est pour cela que je me tiens ici, inquiet pour elle et terrifié à l’idée d’être infecté moi-même car, dans ce cas, il n’y aura personne pour obtenir les médicaments nécessaires. »

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