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21 août 2024 8 h 09 min

« Nouvelle ligne de front Afrique-Russie-Occident »

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« En tant que « camarade président Vladimir Poutine », le capitaine Ibrahim Traoré, habillé d’un béret rouge et d’un uniforme de léopard, rend hommage à son invité avant de se lancer dans une diatribe anti-impérialiste. Si l’on devait choisir une image emblématique du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu le 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, ce serait sans aucun doute ce spectacle de complaisance entre le jeune officier burkinabé, qui a mené le coup d’Etat survenu dix mois auparavant à Ouagadougou, et le dirigeant du Kremlin se montrant très attentif. « Nous partageons une histoire commune en ce sens que nous [Russes et Africains], avons été les peuples oubliés du monde », proclame gravement le chef du coup d’Etat avant de conclure par un « Patrie ou mort, nous vaincrons » applaudi par un Poutine paternaliste.

La présence de la Russie en Afrique n’est plus une chimère. Elle est loin d’être l’illusion que l’on pensait d’abord, fruit de la guerre de l’information. Elle est maintenant une réalité géopolitique importante, sinon persistante, qui rebat les cartes internationales au sud de la Méditerranée. La Russie a établi son réseau, s’infiltrant dans les espaces frontaliers et se ramifiant en fonction des affinités idéologiques. Du Soudan au Niger, en passant par la Libye, le Burkina Faso, le Mali, la République Centrafricaine, Madagascar… Moscou a tissé, à partir de 2017 et 2018, une toile d’influence au service de son nouvel agenda : la confrontation avec l’Occident dans le cadre d’une guerre en Ukraine qui recrée la division Est-Ouest. »

Le 23 août 2023, la triste nouvelle de l’accident aérien mortel d’Evgueni Prigojine, chef de Wagner, un groupe paramilitaire considéré comme une arme secrète pour la progression en Afrique, a été annoncée. Un an après cet incident, il semble que les plans du Kremlin se poursuivent sans être affectés par cette perte majeure. À l’inverse, ils ont pris une posture plus directe et affichent ouvertement leurs intentions. La nouvelle approche contraste avec les précédentes négations en réaction aux préoccupations exprimées par les chancelleries occidentales. L’Etat dirigé par Poutine ne cherche plus à se cacher. La majeure partie de l’empire que Prigojine avait construit, en particulier en Afrique, est désormais contrôlée par le ministère de la défense.
Iounous-bek Evkourov, le vice-ministre de la défense, met tout en œuvre pour conclure des accords de sécurité, voyageant fréquemment entre les différentes capitales. Quant au nom « Wagner », il a presque complètement disparu des enseignes russes en Afrique, à l’exception du Mali et de la RCA. Il a été remplacé par « Africa Corps », un nom curieusement rappelant l’Afrika Korps, une unité de combat allemande de la Wehrmacht qui a opéré en Égypte et en Tunisie sous la direction du maréchal Rommel de 1941 à 1943.
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