Au cours de la pandémie de Covid-19, une opinion répandue a fait son grand retour : l’idée que les jeunes d’aujourd’hui seraient gâtés et incapables de faire face à des difficultés, car ils auraient toujours obtenu ce qu’ils désirent sans effort. Certains soutiennent cette thèse suite à des rapports médiatiques sur l’agitation croissante parmi la jeunesse. Ils préconisent qu’une « bonne guerre » pourrait leur apprendre à comprendre ce qu’est une vie ardue.
Néanmoins, est-ce que la vie des jeunes d’aujourd’hui, que l’on dit trop dorlotés, est réellement plus aisé que celle de leurs prédécesseurs ? Camille Peugny, chercheur et professeur de sociologie, ainsi que l’auteur du livre « Pour une politique de la jeunesse » (Seuil, 2022), suggère le contraire. Il souligne que les conditions pour intégrer le monde du travail pour les jeunes sont de plus en plus sévères, incluant une précarité accrue durant les études, des emplois instables, et d’importantes difficultés à obtenir un logement.
La situation en 2024 est préoccupante : les jeunes font face à une montée de la précarité lorsqu’ils tentent d’entrer sur le marché du travail. Dans les années 1980, seulement 15 % des jeunes de moins de 25 ans occupaient un travail précaire. Aujourd’hui, ce taux a grimpé à plus de 50 %. Suite à la fin de leurs études secondaires ou universitaires, on observe une diminution du nombre de jeunes qui réussissent à obtenir et à conserver un emploi stable. Ils sont confrontés à une hausse significative des contrats à durée déterminée, des missions temporaires, et de nombreux stages non rémunérés. L’impact néfaste de cette instabilité précoce dans leur carrière est durable et laisse des marques indélébiles, désignées comme un « effet cicatrice » par les chercheurs.
Le taux de chômage, bien qu’il ait diminué globalement, reste significativement plus haut chez les jeunes Français, indépendamment des conditions économiques actuelles. Cette situation contribue à la précarité de leur entrée dans la vie adulte.
De façon pratique, comment cette situation influence-t-elle l’accessibilité au logement pour les nouvelles générations ?
Le montant nécessaire pour accéder à un logement pour les jeunes ne cesse d’augmenter. Dans les zones à forte demande où les jeunes essayent de s’établir, il faut souvent avoir un garant familial avec des moyens financiers importants pour simplement louer un logement. Pour espérer acheter leur propre maison, recevoir des aides financières de leurs parents est de plus en plus essentiel. C’est une situation qui creuse un écart significatif entre les jeunes en fonction de leur milieu socio-économique.
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