Les organisations criminelles, secrètes ou non, sont constituées par des codes, des rites d’initiation très violents et une structure hiérarchique qui demande une soumission totale. Les cultes nigérians en France, qui sont d’anciennes confréries étudiantes transformées en mafias, restent largement méconnus. Cependant, diverses services d’investigation indiquent que leur impact semble se propager petit à petit sur le territoire français.
Bien qu’aucune preuve de leur présence à Paris n’ait été fournie à ce jour, les groupes criminels nigérians non affiliés aux cultes, qui pourraient s’implanter dans le futur, détiennent toujours un faible segment du marché criminel parisien, confrontés à des organisations déjà solidement établies localement. Ces constatations sont tirées d’une analyse détaillée effectuée par la police judiciaire (PJ) parisienne et examinée par Le Monde.
L’augmentation de l’activité des nigérians dans le trafic de drogues à Marseille inquiète la PJ parisienne. En fait, le nombre de personnes de nationalité nigériane mises en examen pour trafic de drogues a presque triplé entre 2021 (20 individus) et 2023 (59).
Dans les Bouches-du-Rhône, les Nigérians ont initialement été employés comme subordonnés dans les réseaux de trafic de drogue avant de louer leurs services pour des représailles contre des rivaux ou pour mener des attaques contre des points de vente. Par la suite, ils ont progressivement pris une part plus active dans le commerce des stupéfiants jusqu’à gérer, d’après plusieurs sources de la PJ locale, au moins un point de vente au Parc Kalliste, situé dans le 15e arrondissement de Marseille.
Cette stratégie éprouvée a déjà été appliquée avec succès en Italie, qui est une plateforme principale pour les activités criminelles en Europe. Sur cette terre, les groupes mafieux nigérians ont fini par se libérer des cadres des organisations criminelles puissantes pour prendre le contrôle du commerce de la cocaïne et de l’héroïne dans plusieurs villes siciliennes.
Le Nigeria est connu comme un centre important de commerce de drogues.
À Paris, un certain nombre d’investigations menées au cours des trois dernières années, par la division judiciaire de la police et la brigade des stupéfiants, ont documenté cette ascension. Ces enquêtes ont démantelé des réseaux à portée internationale, avec des ramifications s’étendant parfois des Pays-Bas au Brésil. Les points de vente ou de transaction étaient souvent situés dans des restaurants ou des salons de coiffure du 18e arrondissement. « Actuellement, la région parisienne sert principalement aux Nigérians comme un point de réception et de transit pour leurs réseaux indépendants », indique une source à la Police Judiciaire de Paris. Les Nigérians se limitent à ce rôle et ne participent pas directement à la vente au détail, bien qu’ils puissent collaborer avec des Sénégalais pour le commerce de rue de crack, par exemple.
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