À environ 500 km du front émergent, les habitants de Moscou oscillent entre l’apathie et l’inquiétude face à « cette guerre qui maintenant, sur nos terres à Koursk, dissimule son identité ». Piotr, un père de famille de trente ans qui souhaite rester dans l’anonymat, exprime ses peurs sans retenue car il sait qu’il peut être appelé à combattre à tout moment. Malgré la tension, sa routine quotidienne – travailler le jour et sortir entre amis le soir – tout comme celle de la majorité de ses compatriotes, reste essentiellement la même depuis l’invasion de l’armée ukrainienne dans la région frontalière russe de Koursk le 6 août.
Malgré cette première invasion étrangère armée depuis la Seconde Guerre mondiale, l’atmosphère à Moscou continue d’être ensoleillée, festive et insouciante. Cependant, loin de l’agitation des terrasses des cafés, une vague d’affiches bleues et vertes accrochées à l’entrée des magasins et sur les portes des immeubles rappelle à chaque homme potentiellement éligible pour le combat que le gouvernement de Moscou et le ministère de la Défense offrent désormais 5,2 millions de roubles (plus de 50 000 euros) par an à tous les volontaires prêts à se battre.
« Ils continuent à augmenter la récompense… Mais bientôt, ils auront du mal à trouver des sous-traitants et, progressivement, le gouvernement devra mettre en place une nouvelle mobilisation forcée », craint Piotr. « Le front de Koursk nous a montré que le conflit peut s’élargir. Nos frontières ne sont pas sécurisées, et par manque d’effectifs et d’équipements adaptés, l’armée aura besoin de plus en plus de renforts… »
Il n’a pas fallu longtemps pour que les commentateurs les plus patriotiques, qui ont déjà critiqué les « faiblesses » du Kremlin de Poutine, réclament une mobilisation nationale complète. « Il faut impliquer tous les médias, la culture en entier, le système éducatif complet, toute l’autorité, tous les oligarques et l’ensemble de la population », a déclaré Roman Alekhine, un « politologue », sur Telegram et une chaîne de télévision nationale. Critiquant les « mensonges » de la direction de l’armée sur la gravité de la situation à Koursk, il a poussé à suivre l’exemple de Staline et de sa gestion de la Grande Guerre patriotique contre l’Allemagne nazie.
Par ailleurs, le Kremlin et ses médias affiliés cherchent à rassurer : la réponse de l’armée russe à Koursk, décrite comme une simple « opération antiterroriste », a aidé à stabiliser le front et même à commencer à repousser l' »invasion terroriste ». Les médias et les réseaux sociaux soutenant les autorités montrent des soldats ukrainiens faits prisonniers et leurs chars détruits.
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