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« Modèle de concessions forestières mayas »

Emilio Latin interrompt son travail ardu de tronçonnage, ses yeux toujours fixés sur le tronc alors qu’il s’éloigne progressivement. D’abord, un son d’éclatement, puis la terre chavire et les buissons se renversent comme des allumettes. L’aubépine américaine fait trembler la terre lorsqu’elle tombe et rebondit, intensifiant le vacarme. Ensuite, un silence profond s’installe, Emilio Latin s’essuie le visage et repose : « Celui-ci était laborieux. » Bien qu’il n’ait eu besoin que de trente minutes pour abattre l’arbre, la chaleur infernale de 37 degrés le laisse en sueur, sa chemise trempée.

Cet acajou précieux fait partie des quatorze variétés d’arbres autorisées à être abattues dans les concessions forestières communautaires durant la période d’abattage permis dans la Réserve de biosphère maya (RBM) située au Nord du Guatemala, aux frontières du Mexique au Nord et du Belize à l’Est. Sa superficie de 2 millions d’hectares préservés dans la région du Petén en fait la plus grande réserve du Guatemala et de la Selva Maya, qui s’étire jusqu’à la forêt du Darien, au Panama.

« C’est un massif forestier de 14 millions d’hectares, parmi les plus significatifs à l’échelle mondiale, un corridor vital entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud et un foyer de diversité biologique », déclare l’écologue française Marie-Ange Ngo Bieng, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) à Montpellier. Alors qu’Emilio Latin commence à élaguer l’arbre renversé, elle s’approche, observant ses 30 mètres de haut et largeurs impressionnantes : « Cet acajou avait probablement au moins 200 ans », évalue-t-elle. Jorge Ramirez, la quarantaine, barbe impeccable, explique qu’il a été choisi pour l’abattage en raison de sa santé décroissante.

Depuis une décennie, M. Ramirez prend en charge la coupe dans la parcelle forestière d’Arbol Verde (« arbre vert »). Il indique qu’ils ont dû abattre certains arbres en raison de la présence de fourmilières à leurs racines et de branches mortes, craignant qu’ils ne tombent et endommagent les arbres environnants, en particulier ceux qui ont le potentiel de devenir des porte-graines robustes.

Son assistant de 19 ans, Emilio Latin, prend une grande gorgée d’eau avant de consulter son GPS pour leur indiquer la direction du prochain arbre à abattre. Équipés de tronçonneuses à grande lame, ils reprennent leur chemin. Pendant la saison sèche, ils abattent environ quinze arbres par jour, mais pas plus de deux par hectare sur les 65 000 hectares gérés par Arbol Verde.

Non loin de là, un tracteur à chenilles trace un chemin à travers la dense forêt verte. Tandis que les arbres à protéger sont préalablement marqués, tous les autres sont abattus, sans retenue. Un passage de quatre mètres de large est ainsi créé pour permettre aux tracteurs de tirer les troncs avec un câble. Cette scène peut sembler violente, avec le bruit des moteurs, l’odeur du diesel et les arbustes déracinés. Cependant, Marie-Ange Ngo Bieng soutient que ces parcelles forestières sont un exemple de gestion sociale et écologique, et montre comment ceux qui dépendent de la forêt savent la protéger.
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