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20 août 2024 17 h 06 min

Justice allemande condamne ex-secrétaire nazie

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Le mardi 20 août, la justice allemande a refusé d’écouter l’appel d’une femme âgée de 99 ans. Irmgard Furchner avait été reconnue comme complice de plus de 10 000 meurtres au camp de concentration de Stutthof en Pologne lors de la Seconde Guerre mondiale. La Cour fédérale de justice a maintenu la verdict initial, condamnant Furchner à deux ans de prison avec sursis en décembre 2022. Le procès a été marqué par une « signification historique exceptionnelle », le jugement ayant un caractère « symbolique ».

Furchner est la première femme à être jugée en Allemagne pour les crimes nazis depuis plusieurs décennies. Elle a tenté d’éviter son procès en s’évadant le jour de l’ouverture des audiences. Après avoir quitté sa résidence pour personnes âgées en taxi, elle n’est pas apparue au tribunal, mais a été retrouvée quelques heures plus tard.

Durant la guerre, entre 18 et 19 ans, Furchner travaillait comme dactylo et secrétaire pour le commandant du camp de Stutthof, Paul Werner Hoppe, de 1943 à 1945. Le tribunal a déclaré qu’il était « impensable » qu’elle n’ait pas remarqué l’odeur omniprésente des corps.

D’autre part, ses avocats ont plaidé pour son acquittement, affirmant qu’il n’a pas été démontré qu’elle était au courant des meurtres systématiques à Stutthof. Considérant son âge lors des faits, Furchner a été jugée devant une cour spéciale pour jeunes.

Dans le camp de Stutthof, situé près de Gdansk, autant connu sous le nom de Dantzig à l’époque, près de 65 000 vies ont été tragiquement perdues. Des juifs, des résistants polonais et des prisonniers de guerre soviétiques ont connu un sort désastreux. Par devoir et malgré la souffrance émotionnelle, divers survivants ont témoigné durant le procès.

Ils ont enduré des conditions de vie catastrophiques, conçues pour induire une longue et agonisante mortalité. La plupart succombèrent à la faim, la soif, les maladies, notamment le typhus, ainsi qu’à l’épuisement dû au labeur forcé. Pour achever ceux les plus faibles, le camp était équipé de chambres à gaz et d’un espace où, sous le prétexte d’un contrôle médical, des victimes étaient fusillées à l’arrière de la tête – une pratique de mort typiquement nazie.

D’après le procureur, ces crimes horribles n’auraient pas pu avoir lieu sans le complexe système bureaucratique dans lequel Mme Furchner jouait un rôle clé. Elle était hautement considérée par le commandant et avait un accès illimité aux documents classifiés.

Soixante-dix-neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne persiste dans sa quête des anciens criminels de guerre nazis encore en vie, démontrant la sévérité croissante, bien que tardive, de sa justice. Peu de femmes impliquées dans les atrocités nazies ont été jugées. Traudl Junge, ancienne secrétaire de Adolf Hitler, est un exemple parmis d’autres, ayant vécu libre jusqu’à son décès en 2002.

La condamnation en 2011 de John Demjanjuk, un surveillant du camp de Sobibor en 1943, a fixé un précédent juridique. Il a été condamné à cinq ans de prison ferme, ce qui a ouvert la voie à des poursuites pour complicité dans des dizaines de milliers de meurtres, visant tout personnel d’un camp de concentration, allant du gardien à l’employé administratif. En juin, un homme de 101 ans, ancien garde du camp de concentration de Sachsenhausen, au nord de Berlin, a été condamné à une peine de cinq ans de prison.