Mardi soir, le 6 août, l’aéroport Pôle Caraïbes de Pointe-à-Pitre était noyé sous une multitude qui swinguait et chantait, compacte et dense, lors de l’arrivée de Teddy Riner, sous des acclamations joyeuses et fières, voire aimantes. Riner, appelé « fils du pays » par ses concitoyens, montre un fort attachement à son archipel natal, à tel point qu’il a choisi de lever un drapeau guadeloupéen plutôt qu’un français, malgré les réglementations du CIO. La veille, il avait informé de son arrivée.
Avec seulement peu de temps pour préparer un hommage soigneusement orchestré qui correspondrait néanmoins aux souhaits du champion exprimés après sa victoire individuelle – lorsqu’il a invité la Guadeloupe à « mettre le bordel à l’aéroport » – Riner ne resterait que 24 heures, au milieu des « milliers d’autres demandes » provenant de partout. Malgré son désir d’aller « encourager les copains » encore en compétition aux Jeux Olympiques de Paris, il estimait qu’il était « important d’aller saluer [son] peuple ». Teddy Riner est aussi un médaillé d’or par équipe.
La Guadeloupe, souvent désignée comme « terre de champions », est un creuset de légendes sportives qui ont marqué son histoire, ce qui fait partie intégrante du discours populaire de l’archipel. Les sportifs célèbres de Guadeloupe sont nombreux, y compris Marie-José Perec, Christine Arron, Laura Flessel, Thierry Henry, Lilian Thuram et d’autres qui sont peut-être moins célèbres, comme Roger Bambuck (sprinteur guadeloupéen) et Ghislaine Barnay (sauteuse en hauteur martiniquaise), qui ont gagné des championnats internationaux à la fin des années 1960, lui au sprint et elle en saut en hauteur.
La génération jeune et récente qui n’est pas encore très connue a accumulé diverses médailles au cours des dix derniers jours des jeux Olympiques. L’escrimeur Yannick Borel a remporté l’argent, le fleurettiste Enzo Lefort et la judoka Sarah-Léonie Cysique ont tous deux atteint le podium avec leurs équipes, gagnant le bronze et l’or respectivement. De plus, Coraline Vitalis a apporté à l’équipe d’escrime une médaille d’argent. La Guadeloupe attend encore avec impatience les résultats de Wilhem Belocian en athlétisme, de Rudy Gobert, qui vient de remporter les quarts de finale du basket avec son équipe, et d’Orlane Kanor en handball.
Cependant, malgré le succès de ces athlètes présents et passés, des problèmes structurels subsistent dans le sport guadeloupéen. Angélio Courtois, un ancien champion de judo guadeloupéen et actuel directeur technique de club, a noté une « diminution significative du nombre d’abonnés après la crise du Covid-19 ». Alors qu’il assistait à une parade dans la ville de Pointe-à-Pitre, en compagnie du judoka Teddy Riner, il a évoqué les chiffres: le nombre d’adhérents est passé de plus de 3000 avant la pandémie à environ 1800 maintenant. Cette baisse spectaculaire du nombre de licences est une tendance générale observée à travers le territoire et dans toutes les disciplines sportives : entre 2017 et 2022, le nombre de licences sportives a diminué de 17%, selon une étude publiée en avril par l’Institut national de la statistique et des études économiques.
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