Depuis le 9 août, diverses célébrations ont lieu dans de nombreux secteurs du Baloutchistan, au Pakistan, en commémoration des personnes tragiquement tombées lors de la protestation du 28 juillet. Gwadar, une ville côtière, a été le terrain d’un événement organisé par le Comité Baloutche Yakjehti (BYC), appelé « Baloch Rajee Muchi », ou rassemblement national baloutche. Ce mouvement a été mis en place pour contester les brutalités de l’État pakistanais contre cette communauté proche de l’Iran. La protestation a donné lieu à des affrontements intenses entre les activistes baloutches et les paramilitaires pakistanais.
Des milliers de personnes se sont regroupées à Gwadar, dont des familles de victimes de disparitions forcées et d’homicides extra-judiciaires. Gulnaz, une femme de 56 ans, poursuit ses efforts pour retrouver ses fils disparus depuis plusieurs années, qu’elle croit avoir été kidnappés par l’armée pakistanaise. En septembre 2010, elle a découvert le corps sans vie de l’un d’eux devant sa résidence. Elle implore l’État de faire en sorte que justice soit faite.
Le Baloutchistan est le champ de bataille de conflits violents impliquant l’armée pakistanaise, les organisations indépendantistes et aussi des groupes terroristes. Suite à son incorporation au Pakistan en 1948, la province a été le lieu de cinq soulèvements nationalistes. Pour maintenir sa domination, Islamabad applique une politique de répression particulièrement brutale contre les résidents locaux, dont nombreux sont partisans du nationalisme et de l’irrédentisme baloutches. Les organisations pour la défense des droits de l’homme et les familles des victimes tiennent les forces de sécurité pakistanaises pour responsables de sérieuses violations des droits de l’homme.
Il s’avère difficile de chiffrer précisément le nombre de personnes enlevées au Baloutchistan. Cependant, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme a signalé, en janvier, un total de 10 078 disparitions forcées depuis 2011, dont 2 752 dans la province du Baloutchistan. Selon l’organisation à but non lucratif, Voice for Baloch Missing Persons, environ 50 000 cas ont été enregistrés.
Quant aux manifestations contre les autorités, elles ont été sévèrement réprimées. Il est à noter que trois manifestants ainsi qu’un militaire pakistanais ont perdu la vie lors d’un rassemblement national baloutche. Les forces paramilitaires ont tiré, le 28 juillet, sur une caravane de plusieurs centaines de personnes, y compris des femmes et des enfants, faisant route de Quetta à Gwadar, selon l’annonce du BYC. Mahrang Baloch, dirigeante du mouvement BYC et chirurgienne, a protesté contre l’arrestation et la détention injustifiée de près de 500 manifestants, incluant trois leaders du mouvement.
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