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20 août 2024 1 h 12 min

« Archives UNRWA: Récit Intime Réfugiés Palestiniens »

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Dans les bureaux de l’UNRWA à Amman, en Jordanie, se trouvent des archives abondantes contenant des dossiers familiaux. Ces rangées d’étagères et meubles remplis de fichiers contiennent des documents détaillés, comme des cartes d’enregistrement provenant des premières organisations d’aide aux déplacés, comme la Croix-Rouge. On peut également y trouver des fiches du recensement de 1950-1951 de l’agence onusienne, en plus des copies de certificats de naissance et de décès, des titres de propriété et des papiers d’identité de la Palestine sous mandat britannique. Malheureusement, ce lieu précieux pour l’histoire n’est généralement pas accessible au public, bien que Le Monde ait obtenu un accès spécial.

Depuis 1949, l’UNRWA utilise ces documents pour déterminer dans ses cinq zones de travail (Gaza, Cisjordanie, Syrie, Jordanie et Liban), qui est un réfugié et quels services il a droit d’accéder. Cependant, avec le temps et le déroulement des événements de la vie (naissance, mariage, décès), ces dossiers ont acquis une valeur historique inestimable. Ils sont devenus des témoins de la Nakba, l’exode massif de plus de 700 000 Palestiniens à la suite des conflits entourant la création de l’État d’Israël en mai 1948. Ils documentent cinq générations, mélangeant la grande histoire et les histoires personnelles, le tragique et le banal, y compris le rôle des Palestiniens durant la guerre civile libanaise de 1975 à 1990.

Le processus de numérisation de documents historiques a recommencé après avoir été interrompu dans les années 2000 en raison d’un manque de financement, a indiqué l’UNRWA. L’agence espère terminer le travail d’ici fin de l’année. Une partie de ces documents a déjà été numérisée et est stockée dans des entrepôts.

À Amman, des travailleurs palestiniens temporaires s’occupent de ce processus, en utilisant parfois des gants pour manipuler des documents anciens avant de les scanner et de les enregistrer sur un ordinateur. Rami Ibrahim, un employé de l’UNRWA, a déclaré que ces documents sont comme des archives nationales. Il a ajouté que c’est sur la base du recensement de 1950-1951 que l’UNRWA a établi ses premières données statistiques sur les réfugiés.

Pour Valeria Cetorelli, directrice du département d’enregistrement et d’éligibilité de l’UNRWA basée à Beyrouth, ces archives sont la seule source d’information sur les réfugiés et leur protection est essentielle pour préserver les droits des réfugiés. Cetorelli supervise le processus de numérisation en Jordanie. Elle dirige un ambitieux projet visant à dresser les généalogies de quelque 6 millions de réfugiés palestiniens enregistrés actuellement au Moyen-Orient, y compris ceux qui sont encore en vie depuis la Nakba de 1948 et leurs descendants.