Après sept ans d’exil, Carles Puigdemont, le dirigeant indépendantiste catalan, a fait une apparition remarquée à Barcelone le jeudi 8 août. Il s’est exprimé lors d’un rassemblement, rassemblant des milliers de partisans, situé près du Parlement, comme l’ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.
Il a déclaré lors de son discours : « Pendant sept ans, nous avons été persécutés pour vouloir écouter le peuple catalan. Ils ont transformé le simple fait d’être catalan en une suspicion. (…) Vive la Catalogne libre ! « . Puigdemont a prononcé ces paroles depuis une estrade installée devant l’arc de triomphe de Barcelone, alors que la foule scandait « président ! président ! ». Il fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt pour son implication dans la tentative de sécession de 2017. Pour éviter les poursuites, il a quitté le pays et a passé les sept dernières années en Belgique et en France.
Après son discours, Puigdemont s’est rendu au Parlement avec ses partisans pour assister à l’élection du nouveau président de l’exécutif régional, Salvador Illa, socialiste, à laquelle il avait exprimé son intention de participer à plusieurs reprises.
Mercredi, Puigdemont avait annoncé qu’il commençait son « retour de l’exil ». « Le fait que j’encours le risque d’une arrestation arbitraire et illégale démontre l’anomalie démocratique que nous sommes obligés de dénoncer et de combattre », a déclaré le leader du parti séparatiste Junts per Catalunya (« Ensemble pour la Catalogne ») dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Puigdemont, qui a été à la tête de la région de janvier 2016 à octobre 2017, avait fui l’Espagne après la déclaration d’illégalité du référendum sur l’indépendance de la Catalogne par la justice espagnole.
Malgré l’adoption d’une loi d’amnistie pour les séparatistes catalans en mai, un mandat d’arrêt est toujours en cours contre Carles Puigdemont pour détournement présumé de fonds. La Cour suprême espagnole a déclaré que cette loi d’amnistie ne s’appliquait pas à son cas.
La police catalane était présente jeudi dernier autour du Parlement de Catalogne, situé au centre de Barcelone. Les plans de Puigdemont pour accéder au bâtiment restent incertains.
Son arrestation pourrait entraver ou du moins ralentir la nomination de Salvador Illa, candidat à la présidence de la Generalitat, le gouvernement regional. Si tel était le cas, Jordi Turull, le secrétaire général de Junts per Catalunya demanderait la suspension de la session d’investiture.
Après des mois de négociations depuis les élections de mai où les socialistes ont pris le pas sur le parti de Puigdemont sans obtenir une majorité absolue, un accord de coalition a vu le jour la semaine dernière. Cela a permis à l’ancien ministre de la santé de Pedro Sanchez de prendre les rênes du gouvernement régional de cette région prospère du nord-est de l’Espagne. De fait, aucune président n’a été élu avant le 26 août, un nouveau vote devra être effectué en Catalogne.
Salvador Illa pourrait être le premier président du gouvernement catalan à ne pas être issu d’un parti nationaliste depuis 2010.
L’accord conclu par les socialistes, le parti séparatiste de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et un petit parti de l’extrême gauche pour atteindre le pouvoir, est déjà confronté à de vives critiques. Pour gagner le soutien de l’ERC, les socialistes ont dû s’engager à une demande de longue date des indépendantistes : un contrôle total des taxes récoltées dans la région, similaire à la situation actuelle au Pays Basque.
Cette proposition, qui doit encore obtenir l’approbation du Parlement à Madrid, est déjà sous le feu de l’opposition mais également de certains membres du Parti socialiste tels qu’Alfonso Guerra, ancien assistant de Felipe Gonzalez. Ce dernier a condamné cette action comme étant un « chemin vers un système fédéral et l’indépendance de la Catalogne ».