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19 août 2024 18 h 09 min

« Philatélie : « Terra Nova » Pôles Nord-Sud »

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Célestin Brisseau a rédigé une analyse exhaustive de seize pages, sur le thème de « la station dérivante antarctique Weddell-1 », parue dans la revue Terra Nova en juin. Cet ouvrage a été publié par le Cercle d’études postales polaires (CEPP). En introduction, Brisseau souligne que les stations polaires dérivantes existantes au début des années 1990, qu’elles aient été russes ou américaines, sont généralement associées à la banquise de l’océan Arctique. Cependant, la station Weddell-1 (ISW-1) marque la première fois qu’une telle station a été instaurée dans l’hémisphère sud, plus précisément dans la mer de Weddell, le long de la côte est de la péninsule antarctique. La station a fonctionné du 12 février au 9 juin 1992, dans le contexte d’une collaboration russo-américaine. La mer de Weddell, couvrant près de 2,8 millions de kilomètres carrés et constamment recouverte de glace flottante, attire les chercheurs du monde entier. Sa difficulté d’accès par bateau est notoire et elle est tristement célèbre pour le naufrage du vaisseau « Endurance » d’Ernest Shackleton en 1915.

S’intégrant dans le contexte d’une coopération scientifique plus ancienne entre les États-Unis et l’Union Soviétique, ponctuée de plusieurs expéditions conjointes, cette station est le produit d’une mission de reconnaissance effectuée en janvier-mars 1991 à bord du Polarstern. Celle-ci a révélé l’existence d’une banquise dans la partie sud-ouest de la mer de Weddell, capable d’héberger une base pour quelques mois. Les tâches ont ensuite été distribuées entre les Russes et les Américains: la fourniture d’un navire océanographique « de classe glace », l’Akademik Fedorov, de préfabriqués et d’un bulldozer revenaient aux Russes tandis que les Américains devaient fournir deux hélicoptères Bell, des avions et du matériel de radiocommunication. « Chaque côté apportera son propre équipement afin de mener à bien ses programmes de manière autonome. »

En conséquence, l’Akademik Fedorov (quittant Leningrad le 2 octobre 1991) embarqua quinze Russes et dix-sept Américains à Montevideo (Uruguay) le 25 janvier 1992. Auparavant, l’expédition avait été rejointe le 21 décembre 1991 par le Professor Multanovskiy à Montevideo.
Le navire finit par accoster la banquise choisie pour l’installation d’une base le 4 février. Cette banquise faisait 2,5 kilomètres x 1,6, avec une épaisseur moyenne de 1,50 mètre. Le débarquement, le déchargement et l’installation se poursuivirent jusqu’au 11 février, date à laquelle la station Weddell-1 a été officiellement inaugurée le 12.
Evacuation et dérive.

« Célestin Brisseau a observé dans sa philatélie que les correspondances provenant de la station sont essentiellement russes, se basant sur les timbres, les annulations et les destinataires. Des enveloppes officielles ont été publiées par l’Institut de recherche arctique et antarctique (AARI) russe, et on y a apposé des tampons commemoratifs principalement en cyrillique et des tampons non annulés.

Trois dates sont connues pour le tampon daté, utilisant de l’encre bleue ou noire : le 11 février 1992 (date de début de la dérive), le 24 mai 1992 (préparation à l’évacuation) et le 9 juin 1992 (évacuation de la station).

Un second élément des plis provenant de la base est un tampon avec les coordonnées géographiques, qui étaient complétées manuellement, vu que la station dérivait et donc changeait de position avec le temps. Brisseau indique que les coordonnées manuscrites peuvent être incluses sans le tampon, certains courriers ayant seulement l’un des deux tampons.

Il y avait également des tampons « administratifs » supplémentaires. Ces tampons ne sont pas postaux, parce qu’il n’y avait aucun tampon à date oblitérant sur Weddell-1 et sur l’Akademik Fedorov.

Le courrier expédié via Weddell-1 était traité (comme le prouvent le lieu et la date d’annulation) selon trois circuits, avec des dates variables. D’abord, il y avait le courrier annulé depuis Leningrad à la fin de 1991, qui était transporté sur le navire océanographique Professor Multanovskiy et remis dans le circuit postal. Il avait un tampon avec une date d’arrivée à Leningrad d’août 1992. »

Dans le texte originel, le courrier des stations antarctiques soviétiques de Molodeznaya, Novolazarevskaya, Mirny et Bellingshausen a été oblitéré fin 1991 ou début 1992. De plus, le courrier ayant été oblitéré à son arrivée à Leningrad en juillet ou août 1992 vient après la fermeture de la station. Il inclut le courrier non oblitéré de Leningrad fin 1991, ainsi que le courrier de Weddell-1 et de l’Akademik Fedorov.

Plusieurs enveloppes « officielles », illustrées dans l’article, ont également été créées. Par ailleurs, quelques enveloppes affranchies avec des timbres américains, marquées comme « plutôt rares », portent le cachet du Nathaniel B. Palmer, le premier navire de recherche polaire des États-Unis, que M. Brisseau décrit avant de discuter des activités et du courrier des scientifiques.

L’évacuation de la station se produit lorsque la banquise a suffisamment dérivé au nord pour permettre l’accès des brise-glaces, dont l’Akademik Fedorov et le Nathaniel B. Palmer américain.

L’article mentionne également la Station baleinière de Port Foster et des enveloppes souvenirs. Selon le texte, la station a parcouru plus de 750 kilomètres à une vitesse moyenne de 6,6 kilomètres par jour suivant un itinéraire proche de celui de l’Endurance d’Ernest Shackleton en 1915. De plus, une enveloppe commémorative a été émise en 2002 pour célébrer le dixième anniversaire de Weddell-1. Son tirage était limité à 400 exemplaires.

Terra Nova, après avoir déjà publié des articles d’Odd Galteland dans ses numéros 4 et 11, concernant l’histoire postale des stations baleinières de Grytviken en Géorgie du Sud et de New Island dans les Falkland, se penche à présent sur le cas des stations baleinières norvégiennes des Shetland du Sud et de la Terre de Graham Land, qui étaient opérationnelles depuis 1906. Des timbres datant de cette période sont fréquemment proposés à la vente par des compagnies comme Grosvenor, Spink ou David Feldman, constituant une collection historique absolument fascinante.

L’auteur porte un intérêt particulier à la seule station terrestre, construite en 1912 à Hvalbukta, ou Port Foster, sur l’île de Déception, fermée en 1931. Il remarque qu’il existait à l’époque des usines flottantes qui entraînaient un gaspillage significatif de ressources. Les timbres des Falkland étaient employés pour le courrier durant cette période. Jusqu’en 1913, aucun cachet n’indiquait qu’un courrier provenait des Shetland du Sud. Cela changea le 19 mars 1913, lorsque le cachet « Port Foster » apparut, en plus d’un timbre des Falkland.

Ensuite, le processus devint plus simple. Le 3 février 1914, le premier cachet postal ordinaire marquant « South Shetlands » a été utilisé. Il se distingue par sa forme ovale, utilisé jusqu’en 1927. Après quoi, un cachet circulaire fut utilisé de 1922 à 1931, année de départ du dernier navire-usine de l’île de Déception.

Le détail des tarifs postaux en vigueur est également expliqué par l’auteur, en décrivant l’extrême rareté du courrier transitant par Stanley (Falkland), à Montevideo (Uruguay), Buenos Aires (Argentine) ou la Géorgie du Sud.

En 1924, les officiels de Stanley ont lancé le bateau multifonction Fleurus pour l’acheminement du courrier et le transport des passagers. Ce bateau faisait un ou deux trajets aller-retour par saison, allant de Stanley aux Shetlands du Sud, Orcades du Sud, Géorgie du Sud, et de retour à Stanley. Le recours à de tels navires de transport à partir du milieu des années 1920 a facilité la distribution du courrier. Des courriers et des cartes postales de cette période font état de la longévité des navires utilisés, notamment pendant la Première Guerre mondiale, où bon nombre d’entre eux ont été coulés par des sous-marins allemands.

De nos jours, les traces de cette époque peuvent être vues sur l’île de la Déception, où des réservoirs d’huile de baleine rouillés, des chaudières effondrées et des bâtiments industriels rouillés se tiennent, de même qu’à Port-Jeanne-d’Arc aux Kerguelen. Cette transition nous amène à la présence française dans les Terres australes, avec un article de Xavier Langlet sur la première mission scientifique à l’île des Pingouins (archipel Crozet) en novembre-décembre 1986, qui a été présentée à la communauté scientifique à l’époque.

L’archipel Crozet est constitué de cinq îles volcaniques, et se divise en deux groupes éloignés de 110 kilomètres environ l’un de l’autre. Le groupe occidental comprend l’île aux Cochons, les îlots des Apôtres et l’île des Pingouins, appelées îles Froides par Marion-Dufresne qui les a découvertes en 1772. L’île de la Possession et l’île de l’Est se trouvent dans le groupe oriental. L’île de la Possession est le lieu d’implantation de la base permanente Alfred-Faure.

L’île des Pingouins a bénéficié d’une première grande exploration en 1969 par une reconnaissance aérienne, suivie d’un autre accès en 1982 par une campagne océanographique qui a abouti à un débarquement de courte durée. Cependant, la première véritable exploration de cette île, qui est restée inaccessible et inexplorée jusqu’alors, a eu lieu en novembre et décembre 1986 soit une durée d’un mois, entre les rotations logistiques du Marion-Dufresne.

Des reconnaissances et la création de plis souvenirs ont été effectuées en 1985 et 1986 avant que le Marion-Dufresne ne dépose Philippe Bellard (médecin), Philippe Dreux (entomologiste), Yves Frénot (biologiste des sols), Pierre Jouventin (ornitho-écologie), Louis Massé (botaniste) et Olivier Verdier (géologue) sur l’île le 15 novembre 1986. Cette équipe a été remplacée lors de la rotation suivante du navire le 12 décembre, pour finalement retourner à La Réunion le 29 décembre.

Des courriers et des photographies, gérés par le commandant Thiérry ou Jean Runtz, chef des opérations du Territoire, attestent de ces deux rotations particulières ainsi que de la présence des scientifiques sur l’île des Pingouins. « Gruss aus… » signe ce travail de reconnaissance et d’exploration scientifique.

En 1896, Steve Allen a débuté un article où il aborde Fridtjof Nansen (1861-1930) en mentionnant la publication par Fussingers, un éditeur allemand basé à Berlin, d’un livre intitulé Fridtjof Nansen 1861-1896. Ce travail a été coécrit par le géologue W.C. Brögger et Nordahl Rolfsden. Initialement, le livre a été publié à Copenhague, Stockholm et Londres sous le titre Fridtjof Nansen 1861-1893. Le texte conclut en décrivant Nansen à bord du navire Fram lors de son premier voyage dans l’Arctique, se terminant par la question “Quand le reverrons-nous ? »

Après le retour de Nansen, une révision du livre s’est avérée nécessaire. En 1893, Nansen avait prouvé qu’un navire pouvait dériver avec les courants océaniques tout en étant pris dans la glace. La mise à jour du livre en 1896 permet donc d’ajouter le détail de la reprise en toute sécurité de l’expédition après avoir passé trois hivers.

Pour annoncer la sortie de l’édition allemande, Fussingers a diffusé une série de cartes postales intitulées « Gruss aus… » (Salutations de…). Certaines de ces cartes illustraient des scènes tirées du livre ou représentaient des moments de la vie de Nansen, comme une image de Nansen avec son père, Nansen à l’âge de 14 ans, Nansen sur la glace et Eva Nansen, sa première épouse. Elles comprenaient également des photographies originales de l’explorateur allemand Drygalski lors de son expédition glaciologique dans la région de Karajak, sur la côte ouest du Groenland entre 1891 et 1893.

Ces cartes postales sont devenues extrêmement rares, et elles sont rarement mises en vente, indique l’auteur.

Le dernier texte nous parle de l’ultime aventure du « Pourquoi Pas? », navigué par l’explorateur Jean-Baptiste Charcot et son équipe de 41 hommes, partant de Saint-Malo le 16 juillet 1936. L’article a été rédigé par le président du CEPP, Gilles Troispoux qui rend hommage à ces braves aventuriers maritimes.

Au cours de l’expédition, le navire a déposé Paul-Emile Victor au Groenland, avant de naviguer vers Reykjavik en Islande. Le 15 septembre 1936, le navigateur quitte Reykjavik, mais, malheureusement, un cyclone condamne l’aventure admirable, faisant échouer le navire sur des rochers et précipitant sa descente vers le fond de l’océan le lendemain. Parmi les 41 à bord, Eugène Gonidec, le maître timonier, est l’unique survivant qui réussit à atteindre le rivage.

Charcot, avec vingt-et-un autres corps, est rejeté sur le rivage et récupéré par le Hvidbjörne, puis rapatrié à Reykjavik. Un contre-torpilleur français, l’Audacieux, est ensuite envoyé sur les lieux pour aider à la recherche de survivants.

L’Aude ramène finalement en France le 10 octobre 1936, les corps des victimes à Saint-Malo. Un train spécial s’occupe du transfert des cercueils à Paris. Le 12 octobre, une messe a lieu à Notre-Dame en l’honneur des disparus. L’inhumation du Commandant Charcot est ensuite réalisée au cimetière Montmartre.

Dans les propos finaux de Gilles Troispoux, il révèle que ce n’est qu’en fin octobre que la mer a rendu les corps de deux marins, Guillaume Le Conniat et Gabriel Seven, qui ont pu être identifiés. Leurs restes ont été restitués à la France en 1937. Il mentionne également que huit autres corps ont été découverts, mais leur identification était impossible. Ces marins non identifiés ont ensuite été enterrés dans le cimetière de Fossvogur à Reykjavik. Pour huit autres marins anonymes, la mer est devenue leur tombeau définitif.

Il mérite d’être mentionné qu’en 2016, un superbe sheetlet commémoratif a été émis par le service postal islandais pour le 80e anniversaire du naufrage du Pourquoi-Pas?

Les autres sujets discutés dans Terra Nova comprennent:
– Michel Goudot a analysé les premières annulations de la station antarctique soviétique Mirny, ouverte le 13 février 1956.
– Bernard Lherbier a examiné les campagnes publicitaires menées par La Biomarine dans les régions polaires et leurs cartes postales timbrées.
– André Guyader a entrepris l’étude d’une enveloppe partant de Paris le 24 novembre 1958 vers Tamatave (Madagascar), arrivée le 27 novembre 1958, avec une marque linéaire « Après le départ », et au verso, un timbre postal de Tromso (Norvège) daté du 28 avril 1959. L’auteur raconte l’histoire singulière de cette lettre à la recherche de son destinataire.

Le texte original discute des premiers courriers envoyés depuis la Terre Adélie, relatifs aux premières expéditions françaises en Antarctique menées par les Missions Paul-Emile Victor en 1949-1950. Cela a été exposé par Laurent Ricarrère dans son œuvre nommée « Premiers plis en Terre Adélie. Un caractère d’authenticité ». Il compare un pli « philatélique » (parfois décrit comme purement commercial), typique des ventes spécialisées, avec une enveloppe authentique qui a réellement voyagé, prouvée par son contenu intact et original.

Cette discussion figure dans « Terra Nova » n° 12, un ouvrage de 102 pages publié par le Cercle d’études postales polaires (CEPP). Pour acheter, il faut débourser 22 euros, plus les frais de livraison qui varient selon la destination (6 euros pour le territoire français et 3 euros pour l’étranger). Les demandes doivent être adressées à philatelie.polaire@free.fr. Le paiement se fait soit par chèque bancaire français à l’ordre du Cercle d’études postales polaires, soit par Paypal pour les clients résidant à l’étranger. Pour cette option, les informations nécessaires peuvent être obtenues en écrivant à philatelie.polaire@free.fr.

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