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19 août 2024 19 h 09 min

« Jean Garrigues: Leçons politiques de l’Olympisme »

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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont-ils ramené les « jours heureux »? Malgré les critiques de certains, la fraternité patriotique tant désirée par les Français semble s’être réveillée. Elle n’était plus apparue depuis les ruines de la République fragmentée.

Le sentiment de l’effort collectif, la solidarité dans le succès, la communion joyeuse, le plaisir d’exister et de triompher ensemble sont des valeurs que nous pensions perdues depuis les années de crise. Ces sentiments étaient enfouis depuis les « gilets jaunes », la pandémie de Covid-19, les conséquences de la guerre en Ukraine et la brutalité d’un paysage politique de plus en plus divisé. Cependant, grâce à l’enchantement du sport et au talent exceptionnel des athlètes, toutes les barrières psychologiques érigées par ceux qui propagent le déclin et la division se sont effondrées en quelques jours, à l’image de châteaux de cartes. Nos athlètes, nombreux issus du métissage ont accumulé les performances sportives, les médailles et les déclarations d’amour à leur unique patrie, la France.

Si nous voulons extraire des leçons politiques de ces jours bénis des JO, nous devons tout d’abord souligner cette renaissance patriotique. Les athlètes et leurs fans étaient unis dans la célébration de leurs héros, enveloppés dans la bannière tricolore, au rythme de la Marseillaise qui résonnait puissamment à travers les foules enflammées. Nous avons assisté à une véritable unité patriotique.

En effet, il n’y avait pas d’incompatibilité ou de conflit entre l’encouragement patriotique adressé à nos sportifs et la célébration des athlètes venant de diverses parties du globe. Le nationalisme exprimé par les fans français était un nationalisme inclusif, fraternel et accueillant, radicalement différent du nationalisme restrictif et exclusif favorisé par l’extrême droite depuis la fin du dix-neuvième siècle. Ils ont vivement répudié ceux qui prétendent avoir l’exclusivité du patriotisme, se limitant aux « autochtones », et ceux qui le renient complètement au nom du prolétariat international.

Dans l’arène politico-médiatique, des voix attendent avec impatience le retour de nos conflits internes, de notre segmentation sociale et de nos attitudes conflictuelles. Ils auront bientôt de quoi se réjouir, sans aucun doute, car les jours de bonheur sont transitoires. Ainsi faisant, la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, qui fut le point de départ de ces moments de célébration d’unité et d’espoir, a été suivie par les violentes disputations entre les partisans de la monarchie et les patriotes, et ce, avant même que Louis XVI ne trahisse la Révolution. Evidemment, cette sensation d’unité patriotique et de joie festive disparaîtra bientôt de la scène publique, comme cela a toujours été le cas après ces périodes d’exaltation collective qui marquent les jours heureux.

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