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« Discours stigmatisants: peurs sociétales, non jeunesse »

Dans notre société, les préjugés sur la jeunesse semblent être une tradition politique ancrée qui remonte au philosophe Socrate. On reproche aux jeunes leur luxe, leur manque de respect et leur attitude travail. Bien que des études soient réalisées pour atténuer ou même contester ces affirmations, les opinions imprégnées de préjugés persistent. Pourquoi ces stéréotypes sur les jeunes demeurent-ils et ont-ils toujours été présents? C’est ce que Ludivine Bantigny, historienne, essaie d’expliquer lors de notre premier entretien.

La jeunesse est un groupe complexe à définir en raison de son absence d’unité sociale et culturelle. De plus, le concept de la jeunesse n’a pas toujours été reconnu et sa définition a évolué au fil des ans. On pourrait supposer que l’aspect le plus facile à considérer est le biologique : la transition de l’enfance à l’adolescence commence avec la puberté et se termine lorsque l’individu cesse de grandir. Cependant, avec les changements dans les habitudes alimentaires et d’hygiène, l’apparition des premières règles chez les femmes est descendu de 16 ans en moyenne au XVIIIe siècle à un peu plus de 12 ans de nos jours.

En dehors des rituels traditionnels tels que le service militaire, le mariage ou la communion qui ont marqué le passage à l’âge adulte, l’école et le travail ont également joué un rôle important. Cependant, ces marqueurs sociaux ont évolué au fil du temps. À une époque, l’éducation obligatoire se terminait à l’âge de 13 ou 14 ans, marquant ainsi l’entrée dans la vie adulte. De nos jours, en raison de l’extension de la durée de l’éducation et des difficultés pour trouver un emploi, on considère généralement que la jeunesse commence vers 12-13 ans et se termine vers 25 ans.

Alors, à quel moment de l’histoire avons-nous commencé à parler de « la jeunesse » ? En France, l’adolescence et la « culture jeune » n’ont commencé à être largement reconnues qu’à partir des années 1960, en partie grâce à l’extension de l’éducation obligatoire. Cela a permis aux jeunes de passer plus de temps ensemble, cultivant ainsi une sociabilité spécifique, une musique spécifique à la jeunesse, une mode vestimentaire spécifique, etc.

Cette transformation a également été grandement facilitée par l’avancée technologique de la miniaturisation de la radio. Cela a libéré les jeunes de l’écoute du poste de radio familial, leur permettant de développer leurs propres références musicales, indépendamment de leurs parents. Par la suite, un ensemble de programmes de radio, de magazines et de concerts destinés spécifiquement aux jeunes a vu le jour…

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