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18 août 2024 18 h 06 min

« Trafic drogue estival sur plateformes virtuelles »

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« En naviguant sur les messages de « TP emplois France », un canal Telegram avec 10 000 abonnés, on pourrait penser qu’on est sur la rubrique d’emploi du site Leboncoin. Cependant, les offres d’emploi sur ce canal sont exclusivement pour l’économie clandestine des stupéfiants et ses nombreuses professions. C’est un indice d’une économie qui s’habitue, alors que la France a traversé un été particulièrement mortel en termes de trafic de drogues. Ces annonces démontrent aussi une utilisation croissante de Telegram en tant que plateforme centrale où les employeurs et les employés publient des offres ou leurs services à travers la France. L’assortiment de professions du « stup » comprend livreur à domicile (certains cherchent spécifiquement des femmes qui sont moins contrôlées par la police) ; conducteur pour des « go fast » (transportant de grosses quantités de drogue, généralement de l’Espagne vers la France) ; « tartineur » chargé de vendre les stupéfiants au détail à un point de vente (« four ») ; et un « détailleur » qui prépare les doses individuelles. Les employeurs fournissent des horaires et des salaires, qui vont généralement de 120 à 350 euros par jour en fonction des missions et des risques. Une annonce typique dit : « Cherche une équipe de guetteurs motivés pour travailler dans un « four » sûr et bien fortifié, bien rémunéré. Je cherche seulement des jeunes sérieux, merci ! Arles, logement, nourriture, et fumée fournis. Veuillez me contacter. »

Certains candidats mettent en avant leurs qualités : « Je suis un mineur, tout est en règle, je n’ai jamais été contrôlé de ma vie », déclare l’un d’eux. D’autres offrent leurs services pour d’autres activités, souvent illégales, telles que le cambriolage, le braquage et la séquestration. Sur un autre canal moins populaire, plusieurs graphistes proposent leurs compétences pour créer une « identité visuelle » afin de mieux « toucher l’audience par le biais d’un design novateur », explique l’un d’eux. Pour prouver leurs compétences, ils partagent des exemples de travaux réalisés pour « Marrakush 69 », « Ubercoco Night », un service de livraison de cocaïne « en 30 minutes top chrono », ou encore « coffee Namek » (un nom d’une planète dans le manga Dragon Ball).

Réductions, offres spéciales et petits cadeaux de motivation

Toutes ces « marques » sont liées à des canaux de vente de drogue sur Telegram. En effet, le réseau de messagerie est devenu le point de rencontre des revendeurs virtuels, dont le nombre s’étend à travers tout le pays. Certains soutiennent un point de vente physique, tandis que d’autres opèrent uniquement via Telegram, assurant une livraison réelle ou par la poste. Et là encore, le ton des annonces qui détaillent les qualités et les effets des produits, l’emballage des doses de cannabis livrées dans des sachets scellés avec des logos colorés, amène à s’interroger sur la légalité de ce qui est vendu.

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