En mars dernier, Alain Chamfort, ayant survécu à un cancer des os, a sorti son album nommé L’Impermanence (BMG), qui a reçu des éloges de la part des critiques. Il a été annoncé comme son dernier opus et il est axé sur la réflexion sur la fin et le passage du temps. À 75 ans, ce père de cinq enfants exprime son détachement des choses matérielles et son long parcours d’évolution vers l’authenticité artistique.
Quand il s’agit de la mort, comment l’envisagez-vous?
Si j’y pense, cela signifie que je suis encore en vie. Certaines personnes sont terrifiées par cette pensée. Personnellement, je suis plutôt indifférent à cette question. Ce qui me préoccupe le plus, c’est de perdre ceux que j’aime. Même si nous perpétuons nos relations avec les autres dans nos souvenirs, l’absence du toucher, l’incapacité d’entendre leur voix, leur regard manque terriblement après leur départ. Je crains plus la maladie, la fin de vie qui peut être douloureuse. Pour moi, la mort est une libération de toutes les souffrances, les peurs et les angoisses, elle ne doit pas être crainte.
Tout de même, vous avez été malade…
Oui, j’ai été malade, mais j’étais confiant, de manière surprenante. Peut-être était-ce de l’insouciance, je ne sais pas. Mon médecin m’avait dit que ce que j’avais pouvait être traité. Il m’a donné un taux de survie et j’ai décidé de faire partie de ce pourcentage. Mon désir de croire en la vie était plus grand que ma peur de la mort.
Êtes-vous affaibli ?
« Oui, c’est certain. Je ressens une perte de dynamisme et une indifférence croissante à l’égard des activités à haut risque. Pour être totalement sincère, cela me pèse. L’affaiblissement n’est pas une expérience plaisante. La maladie m’a brusquement introduit à cette période de la vie où les rendez-vous médicaux s’enchaînent, presque devenant un mode de vie.
Pourquoi proclamer cet album, « L’Impermanence », comme votre ultime ?
C’est parce que je considère qu’il n’est plus vraiment nécessaire de produire des albums. Étant donné la manière dont la musique est consommée actuellement, pourquoi se concentrer sur ce format qui est lourd et coûteux ? Je l’ai déclaré comme le dernier, car j’apprécie que les albums soient pleins de sens. Avec Pierre-Dominique Burgaud, l’auteur, nous avons pensé que si c’est le dernier, nous devrions essayer d’y apporter un peu de cohérence.
Nous avons souhaité nous pencher sur cette notion de fin de quelque chose, pas seulement en tant que l’album final, mais également les thèmes qui me préoccupaient à ce stade de ma vie : le vieillissement, la relation avec le temps, la façon dont notre perspective sur les choses change, les pensées qui nous traversent quand on en arrive là où je suis : Ai-je bien agi ? Aurais-je pu faire mieux ?
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