/ »Elle serait faussement accusée d’être une femme, on supposerait qu’elle aurait réussi grâce à des relations sexuelles, prétendument en charge d’un réseau de trafic d’enfants tout en recevant des instructions d’une élite mondialiste. De plus, elle aurait choisi comme co-listier un partisan du « grand remplacement » de la population blanche par la population noire, un protecteur de pédocriminels et même un zoophile.
Depuis le 2 août, jour de sa nomination formelle en tant que candidate du Parti démocrate pour l’élection présidentielle américaine en remplacement de Joe Biden, la vice-présidente, Kamala Harris, est la cible d’un bombardement massif et violent mélangeant des intox flagrantes, des théories du complot et des attaques dégradantes.
Est-ce parce qu’elle est une femme ? Plusieurs défenseurs de Trump ont récemment réitéré l’accusation récurrente selon laquelle la vice-présidente en exercice aurait eu des relations sexuelles pour réussir. Cette affirmation a tellement circulé qu’elle est devenue un mème. Les plus extrémistes accusent Kamala Harris d’être une « prostituée mondialiste » (une prétendue élite qui contrôle le monde), ayant eu recours à des « services sexuels » pour se faire connaître.
Donald Trump lui-même a affirmé que Willie Brown, l’ancien maire de San Francisco et l’ex-compagnon de Kamala Harris, lui aurait révélé des « choses horribles » sur elle lors d’un vol mouvementé en hélicoptère – un vol qui, selon Willie Brown, n’a jamais eu lieu. »/
De fausses accusations sexiste et transphobes ont été lancées contre Kamala Harris. Les théoriciens du complot pro-QAnon ont même affirmé que Kamala était un homme, nommé Kamal Aroush. Un pli de robe sur une vieille photo servait de « preuve » de ce mensonge absurde, méthode de diffamation habituellement utilisée par les cercles conspirationnistes conservateurs. Michelle Obama et Brigitte Macron ont également été victimes de telles calomnies dans le passé.
De plus, le fait que Kamala Harris soit d’origine étrangère est aussi une source de critiques. En effet, Kamala, qui pourrait être la première présidente américaine originaire du sud de l’Asie, est jugée inéligible par certains à cause de ses parents nés en Jamaïque et en Inde. Un défenseur de Trump, Mike Engleman, soutient qu’elle ne pourrait pas être présidente car « aucun de ses parents n’étaient citoyens américains à sa naissance ». Cependant, cette affirmation est incorrecte. Selon la Constitution américaine, le président doit être un citoyen né aux Etats-Unis, âgé d’au moins 35 ans et résidant dans le pays depuis quatorze ans, sans aucune condition concernant l’origine des parents.
Cette attaque rappelle celle dirigée contre Barack Obama en 2009. Les birthers, un groupe conspirationniste d’extrême droite, prétendaient que le premier président noir américain était en réalité de nationalité kényane, tout comme son père.
Enfin, des images falsifiées la relèvent à Jeffrey Epstein, un criminel sexuel notoire.
Les allégations interminables liées aux présumés liens du Parti démocrate avec des réseaux pédophiles ajoutent de l’huile sur le feu concernant son identité et ses origines. La campagne triomphante de Donald Trump en 2016 a été marquée par le « Pizzagate », une fausse controverse et une véritable théorie du complot associant Hillary Clinton et son responsable de campagne, John Podesta, à des rumeurs de soirées dédiées à la pédocriminalité dans le sous-sol d’une pizzeria de Washington. Le 3 août, l’équipe de propagande trumpienne a tenté de lier Kamala Harris au « Pizzagate » grâce à un réseau de connexions retors.
Les allégations de pédophilie sont l’une des cordes les plus fréquemment utilisées par la machine conspirationniste de Trump. D’autres rumeurs évoquent des liens avec l’épouvantail de la scène publique américaine, le milliardaire Jeffrey Epstein, accusé de trafic sexuel de mineurs avant de se suicider en prison en 2019. En 2021, une image modifiée numériquement a été diffusée, montrant la vice-présidente, Kamala Harris, dans les bras de M. Epstein. Elle a connu une nouvelle vague de diffusion depuis mi-juillet.
Une autre image créée par intelligence artificielle les présente ensemble sur une plage. Cette technique avait déjà été utilisée pour tenter de discréditer Joe Biden. Ces dernières années, le président démocrate a été associé à une fausse liste de visiteurs de l’île d’Epstein, tout comme à une île voisine dont il aurait prétendument été le propriétaire. Stephen Miller, un des conseillers de Donald Trump habitué des déclarations mensongères, a même affirmé que « Joe Biden et Kamala Harris sont les plus grands trafiquants d’enfants et de jeunes filles destinés à l’esclavage sexuel sur la planète ».
A l’opposé, quelques exemples de manipulations anti-Trump.
En réponse à ces allégations, l’équipe de Kamala Harris a souligné la présence de multiples photographies d’archives, certaines crédibles, montrant Donald Trump aux côtés de Jeffrey Epstein. Cependant, il y a quelques rares fausses informations qui circulent en faveur de Harris contre Trump. Un partisan de Harris a déclaré « repoussant » que l’ex-président ait utilisé, pendant sa campagne, un avion qui appartenait autrefois à ce milliardaire. Mais ce qu’il ne mentionne pas, c’est que l’équipe de Trump s’est résolue à utiliser cet avion après que son avion personnel ait subi une défaillance, et qu’ils ignoraient l’histoire de l’engin qu’ils ont emprunté. Plus récemment, des images générées par intelligence artificielle montrant Trump avec des mineurs se sont répandues sur internet, mais ce ne sont pas des documents véritables.
La campagne diffamatoire contre la candidate démocrate, Kamala Harris, s’est rapidement étendue à Tim Walz, qu’elle a désigné comme son colistier le 6 août. Bien que Walz soit immunisé contre les attaques sexistes ou racistes du fait de sa réputation de politicien rural, il a été la cible de rumeurs obscènes insinuant qu’il était zoophile. Un montage grossier sur le réseau social américain Reddit a propagé l’info selon laquelle, il a été hospitalisé pour avoir consommé du sperme de cheval – une invention qui a été alimentée par une fausse archive d’un journal local.
Tim Walz, supposé « zoophile » et partisan du « grand remplacement ».
Des calomnies circulent, prétendant que le drapeau du Minnesota a été altéré sous l’influence de Tim Walz pour lui donner une ressemblance avec celui de la Somalie. Le but apparent serait de promouvoir la théorie raciste du « grand remplacement ». Andrew Torba, cofondateur du réseau social de droite extrême Gab, soutient que l’intention de Walz est de reproduire cette action à l’échelle nationale. Cependant, ce n’est pas Walz qui a conçu ce nouveau drapeau, inspiré par « l’étoile du Nord », une appellation attribuée à l’Etat par les premiers colons français et qui est devenue sa devise depuis 1858.
Il existe également des rumeurs suggérant que Tim Walz a promulgué une loi protégeant les pédophiles, basée sur le réel Take Pride Act de 2023, une loi contre la discrimination des personnes LGBT+, qui n’a cependant aucune relation avec les criminels sexuels.
En outre, une fausse information affirme qu’il mettrait en œuvre un « système de fraude électorale » en distribuant des permis de conduire à des immigrants illégaux pour leur permettre de voter, même si cela ne leur accorde pas la citoyenneté américaine nécessaire pour voter, comme le rappelle le service fact-checking de l’AFP.
Dernièrement, le camp de Trump a aussi accusé Kamala Harris et Tim Walz d’utiliser l’intelligence artificielle pour donner l’illusion d’une grande foule les attendant à leur arrivée d’avion, lors d’un rassemblement à Detroit. Cette fausse nouvelle semble presque anodine comparée aux précédentes diffamations.