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18 août 2024 8 h 09 min

« Cachemire: Chaleur et Sécheresse Exceptionnelles »

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Avec une parasol en main pour se défendre contre le soleil ardant, Altaf Ahmad Wazir, un arboriculteur de 65 ans, guide une visite à travers son verger localisé dans le district de Budgam en Cachemire. Au lieu d’une récolte abondante, ce mardi 13 août, il dévoile, désespérément, un sol couvert de feuilles mortes, des branches décharnées et des pommes et poires ratatinées. « Personne ne veut les acheter, cette année s’annonce comme une année de perte », déplore-t-il.

La sécheresse et la canicule inhabituelles qui frappent le Cachemire en 2024 ont un impact désastreux sur les agriculteurs. Cependant, cette situation s’est développée progressivement depuis plusieurs années. « Beaucoup de producteurs de cerises ont été contraints de raser leurs vergers à cause des conditions climatiques qui ont conduit à des récoltes désastreuses », partage le professeur Shakil A. Romshoo, climatologue au Cachemire et membre de l’Académie Indienne des Sciences.

Il est exceptionnel qu’à la fin de juillet il faisait plus frais à Bombay, la capitale financière dans le sud du pays, qu’au Cachemire. Pour la première fois en un quart de siècle, la température de jour dans la capitale, Srinagar, a franchi le seuil des 36,2 °C le 28 juillet. La température nocturne a également établi un nouveau record de 132 ans le 29 juillet, avec 24,8°C. « Toutefois, l’humidité augmentait la température ressentie, atteignant presque 40°C », précise Faizan Arif Keng, un météorologue indépendant. La chaleur écrasante continuait encore mercredi 14 août, avec une température de 35,3 °C enregistrée à Srinagar.

Le retrait accéléré des glaciers.

Le secteur agricole du Cachemire, un pilier clé de son économie et employant plus de deux millions d’individus, est en plein déclin. La région de l’Himalaya est à l’origine de près de 80% de la production de pommes en Inde, mais la récolte de nombreux agriculteurs, y compris celle de Showkat Ahmad Shah, 52 ans, a été réduite de moitié. Ce dernier explique que ses pommes ont été largement détruites au début du printemps suite à des tempêtes de grêle et autres conditions météorologiques défavorables. Il poursuit en disant que les pommes restantes sont affligées par des maladies fongiques et des infestations d’insectes.

La pomme, un produit essentiel de la région du Cachemire, est menacée. Shah souligne que leurs pommiers ne sont pas irrigués et de ce fait, tout manque de précipitations affecte gravement la qualité des fruits. Bien que les producteurs essaient d’ajuster les types de pommes qu’ils cultivent, nombreux sont ceux qui s’inquiètent que leurs arbres ne résistent pas aux changements climatiques dans la région du Cachemire.

Selon le professeur Shakil A. Romshoo, les glaciers de cette région himalayenne indienne fondent rapidement en raison d’une baisse des chutes de neige en hiver, des vagues de chaleur et d’une augmentation générale des températures due au réchauffement climatique. Il précise que les habitants de ces régions montagneuses sont parmi les premières victimes de ces changements climatiques, bien qu’ils soient parmi les moins responsables de ces changements à l’échelle mondiale.

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