Durant la première moitié des années 1980, de nombreux jeunes des Pyrénées-Orientales se battaient chaque fin de semaine avec le même défi : comment atteindre Argelès-sur-Mer qui était à plusieurs kilomètres? Les chanceux qui avaient déjà leur permis de conduire pouvaient en prendre quelques-uns dans leur Fiat 500, leur 2 CV ou leur 4 L. Les autres devaient se débrouiller en utilisant divers moyens, comme le train depuis Perpignan, le vélo depuis Saint-Estève, ou même à pied en traversant les chemins agricoles, ou encore à trois sur un scooter emprunté chez un père qui réparait des mobylettes.
Un groupe d’amis de la petite ville d’Elne, surnommé « Les Duchmol », avait une autre option. Pour 10 francs, ils pouvaient louer une camionnette et y monter à quinze, certains étant même assis sur des chaises. Ils appelaient le conducteur chauve « Buster » car il leur faisait penser au chanteur du groupe de ska Bad Manners, Buster Bloodvessel.
Tous se dirigeaient vers la boite de nuit Psychedelic, aussi connue sous le diminutif « Psyché ». Personne ne voulait rater une seconde de ce lieu. Comme se rappelle Nicolas Loffrédo, un travailleur social de 55 ans qui fréquentait la discothèque entre 14 et 17 ans, « Quand je manquais une soirée du vendredi ou du samedi, cela me rendait fou ». Sitôt qu’il avait fini d’assister ses parents à fermer leur boutique de tissus au centre-ville de Perpignan, ce fervent fan de The Clash, fils de pieds-noirs de gauche, se préparait pour sortir.
Assurez-vous de ne pas manquer le moment où la boîte s’ouvre, lorsque les cloches de la Messe pour le temps présent de Pierre Henry envoient immédiatement tout le monde sur la piste. Ou encore, sa clôture qui est marquée par O Fortuna, le chœur d’ouverture de Carmina Burana de Carl Orff. Le trajet de retour à la maison est souvent imprévisible, comme l’a souvent expérimenté Nicolas Loffredo, un habitué du Psyché qui s’est parfois retrouvé réveillé sur la plage, entouré de touristes et enveloppé dans son manteau.
Les concerts de Taxi Girl ou des Rita Mitsouko
Ouverte en 1968 et disparue en 1986, cette boîte de nuit provinciale, qui n’attirait ni paparazzis ni chroniqueurs sociaux, a laissé peu de souvenirs de son existence. Le groupe Taxi Girl s’est produit là peu de temps avant sa fermeture. Lors d’un concert, Daniel Darc, le chanteur, a créé une controverse en lisant de la philosophie au microphone au lieu de chanter Cherchez le garçon, comme tout le monde l’attendait. Il n’y a aucune image de cet événement.
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