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17 août 2024 13 h 08 min

« Paris après JO: calme, ennui, espoir »

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Les passerelles flottantes qui ont été utilisées pour traverser le canal de l’Ourcq ont été démontées. À présent, il est impossible d’emprunter la rive nord pour longer le canal car les travailleurs désassemblent les structures. Des camions viennent en grand nombre et s’en vont, chargés de poutres. Philippe Coquelet, un résident du 19ème arrondissement qui a quitté Paris avant l’inauguration des Jeux Olympiques et qui est revenu le jour de clôture, résume la situation : le parc de La Villette « était en projet avant les JO, il demeure en construction après les JO ».

La Villette, ayant joué un rôle clé dans la célébration des Jeux, accueillait sur ses 55 hectares le Club France, des équipes de 14 autres pays et de plusieurs fédérations sportives. Ainsi, le parc s’est métamorphosé en parc des nations. C’était un lieu de festivités, où les fans du monde entier pouvaient regarder les compétitions sur écran géant ou participer à des activités sportives. « Près de 1,4 million de personnes y ont été accueillies » durant les Jeux, selon La Villette.

Désormais, la foule a quitté ces lieux. « Où est Paris ? », se désole un passant à son compagnon. La fréquentation est équivalente à celle d’une semaine d’Assomption : en baisse. L’aire de jeux du Jardin des vents et des dunes a reouvert, et peu d’enfants sont visibles, grimpant et descendant des petites collines, courant, jouant sur les balançoires, toboggans et tunnels. Les parents et éducateurs du centre de loisirs les observent depuis leurs bancs. Le silence prédomine près de la Casa Colombia, qui autrefois accueillait les supporters et athlètes colombiens, d’où s’échappaient des rythmes de cumbia pendant les Jeux. Dans cette tranquillité, des individus isolés griffonnent dans leurs carnets sur des tables de pique-nique, derrière l’ancien Club France.

Il ne reste que des vestiges en guise d’attraction.

Les fans se sont retirés du parc, une situation qui attriste de nombreux travailleurs sur place. Un gardien de sécurité se plaint du manque d’animation et de l’opportunité de pratiquer son anglais. Son partenaire, qui semblait ennuyé, repose sa tête dans sa main. Le stand de nourriture Petite Faim pleure l’absence de ses clients habituels. « Nous étions ouverts jusqu’à 23 heures jusqu’à dimanche », déclare Brenda (ceux qui ne souhaitent pas partager leur nom de famille sont simplement mentionnés par leur prénom), la gérante du stand, mais depuis lundi, elle abaissait le rideau métallique à 19 heures. « Les lumières vont s’éteindre », se lamente-t-elle.

Alors que les touristes ne manquent pas au parc de La Villette, sur la place de la Concorde, au centre de Paris, les travailleurs qui sont sur les anciens sites olympiques ne peuvent pas dire la même chose. Les restes de ces sites sont également une attraction en soi. Mercredi 14 août, toute la journée, Yuri et son partenaire ont fixé des bannières marquées « Paris 2024 » aux clôtures encadrant le site temporaire de compétition, qui est actuellement démantelé. Ce site a accueilli les compétitions de BMX freestyle, de breaking, de skateboard et de basketball 3×3. « Les gens regardent à travers les barrières non recouvertes. Ils nous demandent les panneaux de signalisation aux couleurs des Jeux et Les bannières. Quelqu’un m’a même offert 25 euros pour un morceau de tissu », raconte Yuri sur un ton facétieux. Il a préparé un message sur son téléphone pour pouvoir traduire facilement : « Nous n’avons pas de bannière à donner ici. »

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