Découvrez tous les épisodes de la saga « Les mésaventures d’été ». À l’ère où tout est évalué et jugé, le voyageur est souvent tenté de créer un itinéraire parfait en choisissant uniquement les destinations et sites qui ont obtenu une moyenne de cinq étoiles sur Google. Ce vacancier qui se base essentiellement sur des évaluations positives pourrait par exemple se retrouver dans ce restaurant chinois situé sur Washington Street à New York, qui propose une offre alléchante : « Donnez-nous une note de cinq étoiles et obtenez des dumplings [raviolis] gratuitement ». C’est simplement une variante plus directe du conseil donné sur une plateforme de marketing touristique, suggérant aux restaurateurs en quête d’étoiles d’offrir un café – ou peut-être un digestif – à leurs clients, puis de leur rappeler de laisser un avis.
Il existe cependant un risque inhérent lorsqu’on choisit une destination uniquement sur la base d’avis Google : il faut prendre en compte les critères d’évaluation des autres. Par exemple, parmi les avis sur le château de Versailles, on trouve une critique négative de quelqu’un déplorant « des salles qui se répètent avec des tableaux peu intéressants », et un commentaire élogieux de quelqu’un saluant « des jardins bien entretenus ».
Sans parler de celui qui a attribué seulement trois étoiles sur cinq à la cathédrale de Chartres, car le labyrinthe qu’il souhaitait voir n’était pas ouvert ce jour-là. De plus, tout comme les critiques sur les médecins semblent surtout se baser sur le temps d’attente, il est difficile de discerner si certaines destinations ont reçu une mauvaise note simplement en raison de l’attente nécessaire pour y accéder.
L’univers des évaluations en ligne peut être stressant, si on considère le nombre de recommandations telles que « à éviter » ou « fuyez », généralement écrites par des gens qui avouent ne donner qu’une étoile faute de pouvoir en attribuer aucune. Les voyages du XXe siècle dans l’ère du guide Michelin n’étaient peut-être pas parfaits, mais ils n’encourageaient pas à prendre les jambes à son cou devant un mécontentement. Lorsque Michelin a créé la catégorie « mérite un détour » en 1920, cela paraissait plus généreux et plus accueillant.
Certaines personnes chercheront à analyser les critiques pour comprendre le comportement d’un propriétaire ou d’un directeur face à des mauvaises évaluations, comme si elles jetaient une bouteille par terre pour tester la réaction du personnel, ce qui ne reflète pas nécessairement la qualité de l’endroit. À L’Opportun, un restaurant lyonnais à Paris, un client a attribué trois étoiles simplement parce que Chantal Goya et Jean-Jacques Debout étaient assis à la table voisine. « Si vous étiez venu hier, vous auriez vu Michel Drucker. Quelle note aurions-nous reçue alors ? », a répondu le patron. Une autre cliente a également donné trois étoiles parce qu’elle a remarqué une faute d’orthographe sur une photo du menu publiée en ligne, même si elle n’a jamais mis les pieds dans le restaurant.
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