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17 août 2024 19 h 09 min

Grève médicale en Inde après meurtre

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L’indignation continue de balancer l’Inde à la suite du viol et du meurtre d’une médecin de Calcutta. Le samedi 17 août, les professionnels de la santé à travers le pays ont déclenché une grève nationale pour protester contre les violences faites aux femmes et aux travailleurs de la santé, ainsi que pour leurs conditions de travail.

Des groupes de médecins indiens, vêtus de leurs blouses blanches, se sont rassemblés devant leurs hôpitaux pour revendiquer la justice. « Notre seule demande est d’être en sécurité pendant que nous remplissons nos tâches », déclare Sapna Rani, une New-Delhiaine de 27 ans qui a fait grève. « Nous ne devrions jamais avoir à nous soucier de notre sécurité dans l’hôpital. »

Au début, les médecins et autres professionnels de la santé ont appelé à protester pour instaurer des mesures de sécurité. Des dizaines de milliers d’Indiens ont vite rallié le mouvement. À Calcutta, des milliers ont veillé à la lueur des bougies jusqu’à l’aube du samedi. Des messages sur les pancartes tenues par les manifestants témoignaient de leur sentiment, allant de « Les mains qui guérissent ne devraient pas saigner » à « Assez c’est assez » lors d’un rassemblement de médecins à New Delhi, tandis qu’une autre demandait « pendez le violeur ».

On a retrouvé le corps de cette médecin de 31 ans, assassinée, le 9 août, dans un amphithéâtre de l’hôpital universitaire de Calcutta, ce qui suggère qu’elle y était allée pour se reposer durant un shift de 36 heures. Une autopsie a confirmé le viol et le meurtre. Les parents de la victime ont déclaré au tribunal qu’ils soupçonnaient un viol en groupe.

Un individu, employé dans le même établissement médical que la victime et occupant le poste de facilitateur pour les patients en attente, a été mis sous les verrous. Toutefois, la gestion de cette affaire par la police de Calcutta a été vivement critiquée. Pour renforcer la confiance publique, la Cour supérieure de Calcutta a confié l’affaire au Bureau central d’investigation (CBI), une entité fédérale, mardi.

Il est évident qu’il est nécessaire de réviser les conditions de travail des praticiens médicaux. Le 12 août, les docteurs provenant de différents hôpitaux publics de divers États ont suspendu les soins non-urgents pour une durée indéterminée, réclamant davantage de justice et de sécurité sur leur lieu de travail.

Pour accentuer ce mouvement de protestation, l’Association médicale indienne (AMI) a lancé une grève de 24 heures le samedi matin, les urgences en étant toutefois exclues. « Nous sollicitons la compréhension et le soutien du pays dans ce combat pour obtenir justice pour ses médecins et ses filles », a expliqué le président de l’AMI, R.V. Asokan, dans un communiqué.

Justifiant l’obligation d’une révision complète des conditions de travail et de vie du personnel médical, l’AMI a souligné que les longues heures de travail de la victime, sans lieux de repos adéquat, sont inacceptables. Les docteurs insistent pour que soit adoptée la loi sur la protection centrale (Central Protection Act) qui vise à protéger le personnel soignant contre la violence.

Akanksha Tyagi, une interne de 29 ans au Lady Hardinge Medical College à New Delhi, qui a assisté à plusieurs des nombreuses manifestations organisées à l’échelle nationale, déclare : « Il y a un manque criant d’infrastructures adaptées. Après avoir travaillé entre 24 et 36 heures d’affilée, on ne trouve nulle part où se reposer de façon convenable. »

En 2022, près de 90 viols par jour ont été signalés, mettant en évidence la prévalence de la violence sexuelle en Inde, un pays de 1,4 milliards d’habitants. Après une récente agression, les souvenirs de l’incident de 2022 où une jeune femme a été violée et tuée dans un autobus à New Delhi ont ressurgi. Cet incident avait provoqué des manifestations massives et montré l’incompétence de la société conservatrice indienne pour gérer la violence sexuelle envers les femmes. Suite à la pression publique, des peines plus sévères pour les auteurs de viol ont été imposées par le gouvernement, avec la peine de mort pour les récidivistes. Le Premier ministre Narendra Modi a exhorté jeudi à ce que les « actes haineux envers les femmes » soient « strictement et rapidement sanctionnés ».