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17 août 2024 1 h 11 min

« Destin tragique du photographe Raoul Minot »

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Il est essentiel de présenter Raoul Minot, un homme dont le destin distinctif méritait d’être éclairé. Après près de quatre ans d’investigation approfondie, explorant toutes les options et envisageant même l’abandon, nous avons indubitablement identifié cet individu. Né à Montluçon, Allier, le 28 Septembre 1893, Minot est connu pour sa collection de 700 photographies – principalement datées, numérotées et annotées – capturées dans Paris et ses banlieues entre 1940 et 1942, durant les années les plus critiques de l’occupation. L’exceptionnalité de ce fonds, probablement le plus précieux de la partie française en dehors de la propagande, consiste principalement en ses photographies de ces deux années.

Minot, un amateur et non un imageur professionnel, était déterminé à documenter la réalité quotidienne, selon ses excursions à Paris et autour. Alors que sa contribution en termes de volume – approximativement 1 300 impressions en considérant les doublons – est unique en son genre; elle diffère complètement du travail des photographes professionnels agréés tels que Roger Schall ou Robert Doisneau. Sans aucun attachement professionnel avec la presse, Minot évoluait dans l’ombre, inaperçu par le contrôle des Allemands et donc semblable à un fantôme.

La manière dont Minot a été sorti de l’anonymat mérite d’être partagée. Le 12 avril 2024, un vendredi, l’enquête que Le Monde avait lancé presque quatre ans auparavant sur la base d’un album photo insolite déniché dans une brocante du Gard, semblait atteindre une impasse. Malgré certaines avancées et de belles découvertes, le mystère principal – l’identité du photographe – restait non résolu.

Avant de clore l’enquête, nous avons examiné une dernière fois les détails recueillis sur la seule femme de l’histoire : Renée Damien (1909-1990), employée au département de parfumerie d’un grand magasin parisien, le Printemps, au début des années 1940. Elle a été l’actrice principale dans la sauvegarde d’une petite portion d’images (117) qui a été ressuscitée de l’oubli en 2018, dans la région de Chartres, grâce à l’obstination d’un amateur d’histoire, Albert Hude. Il a recueilli des préliminaires biographiques au sujet de Renée Damien de son fils âgé et aux souvenirs incertains et découvert un indice fascinant mais incomplet : selon le vieil homme maintenant décédé, l’auteur des 117 photos était un ami de sa mère dont il ignorait le nom ; arrêté par les Allemands, cet inconnu serait mort en déportation, laissant aucune trace. Est-ce qu’il travaillait également au Printemps ? Cette hypothèse, déjà considérée au cours de l’enquête, méritait des vérifications finales dans les archives du magasin, à la recherche d’informations sur la période de 1940-1942.
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