Si un homme intelligent et érudit pose des interrogations simplistes, il se peut que quelque chose de grave soit en cours. Tout comme Michel Hazanavicius, je suis de descendance juive ashkénaze avec des ancêtres de Pologne, d’Ukraine, de Roumanie, et d’autres, qui ont été largement exterminés par le régime nazi. Cependant, contrairement à lui, je n’ai pas oublié mon passé, que j’estime personnellement être le bien le plus précieux.
Les interrogations soulevées par Michel Hazanavicius [dans un article publié le 8 août dans Le Monde] peuvent être résumées en une : pourquoi les juifs français sont-ils interrogés sur Israël et son gouvernement, surtout depuis le 7 octobre ? Pour rappel, le contexte est le suivant : dans le conflit israélo-palestinien qui persiste depuis le début du XXe siècle, le Hamas a déclenché une guerre brutale le 7 octobre 2023, en commettant des actes de guerre criminels.
Ceux qui pensent, à l’instar de La France Insoumise, que la méthode d’assassinat n’est pas pertinente se trompent grandement. Peu importe la justification politique avancée par les criminels de guerre, elle est absolument irrecevable. La discussion politique s’arrête à l’instant où un crime de guerre a lieu, et elle ne reprend que lorsque le crime est reconnu par ses auteurs et leurs défenseurs. Nous sommes encore loin de là.
Objectif de plus en plus obscur
Dans le même ordre d’idée, lorsque vous déclenchez une guerre, l’ennemi bombarde vos villes. Les raids aériens israéliens des premières semaines étaient totalement justifiés. Par conséquent, le fait de mettre rapidement en circulation le nombre de victimes palestiniennes avait un aspect indécent, voire malhonnête.
Alors que les jours se transformaient en semaines et en mois, il est devenu progressivement évident que le gouvernement d’Israël allait continuer à perpétrer des actes d’agression ou d’affamer les civils, tandis que ses buts politiques et militaires devenaient de plus en plus opaques. Pendant des mois, la situation a été maintenue avec une sorte de naïveté tranquille, devenant moralement inconcevable. Le point culminant a été l’assassinat par Israël du principal acteur des négociations du côté du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Israël avait pourtant affirmé vouloir engager des pourparlers.
Cet échec flagrant de la politique israélienne devrait êtr appelé et critiqué par tout intellectuel se respectant. Un certain nombre de militaires et politiciens israéliens ont déjà exprimé leur désapprobation. Cependant, la majorité des figures médiatiques juives françaises se sont essentiellement bornées à critiquer l’irresponsabilité et la démagogie de personnalités telles que Jean-Luc Mélenchon, Rima Hassan, Aymeric Caron, Danièle Obono, considérant la situation comme une question de politique intérieure plutôt que de se concentrer sur les véritables raisons du drame du 7 octobre et la recherche de solutions concrètes à moyen ou long terme. Il est clairement plus simple de déclarer à répétition que le Hamas est une organisation terroriste plutôt que de se demander s’il est possible de résoudre le conflit israélo-palestinien sans leur participation (la réponse est non).
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