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16 août 2024 15 h 11 min

Khider autorisé à sortir pour permis

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Pourquoi un criminel important, emprisonné depuis presque trois décennies et qui n’est pas libérable avant 2044, passe-t-il son temps en détention ? Christophe Khider ne le cache pas : « Je dois vous avouer qu’une portion de mes journées est dédiée à la recherche d’un moyen de m’échapper », a-t-il révélé à un magistrat après son évasion, le 15 février 2009, de la prison de Moulins-Yzeure (Allier), son quatrième essai, mais le seul qui a abouti.

Est-il possible que ce voleur qui a le goût de la liberté ait évolué ? Qu’à 53 ans, l’éventualité d’aménagement de peine ait atténué son obsession pour l’évasion ? Selon la justice, qui lui a accordé dix autorisations de sortie sans surveillance pour passer son permis de conduire, cela semble être le cas. Sa première sortie de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) est prévue pour le 19 août, et les cours devraient continuer jusqu’à mi-septembre.

Cette décision de la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai (Nord), confirmant celle du tribunal d’application des peines de Béthune (Pas-de-Calais), contre laquelle le ministère public avait fait appel, a choqué UFAP-UNSA Justice, un syndicat pénitentiaire. Dans un communiqué de presse brûlant, ils s’indignent que Christophe Khider, emprisonné depuis 1995 pour de nombreux braquages, un homicide et plusieurs tentatives d’évasion, et classé comme « détenu particulièrement surveillé » (DPS), ait pu profiter de cette « décision absurde ». Selon eux, c’est comme s’ils lui ont offert un « road trip ».

Le prisonnier bénéficiera d’une totale indépendance à sa libération! L’application de sa peine lui donnera la possibilité d’entrevoir la liberté comme un voyage excitant. On peut se rassurer, la sécurité routière sera garantie par la présence d’un instructeur d’auto-école. Le syndicat se demande alors s’il y a une possibilité de radiation à venir du registre des DPS ou un plan d’ajustement de peine.
Il est certes habituel d’accorder des sorties non surveillées, cependant, l’octroi d’une telle autorisation à un détenu censé être « sous surveillance particulière » peut apparaître contradictoire.
En réalité, cette autorisation de sortie s’inscrit dans une démarche plus vaste de l’institution judiciaire. Pendant l’été 2023, Christophe Khider, qui a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux, a formulé une demande d’ajustement de sa peine, à laquelle il est éligible depuis 2020. Cette démarche, destinée à préparer progressivement sa réintégration dans la société afin d’éviter une libération brutale, est soumise à plusieurs conditions : un projet de réinsertion réaliste, une série d’expertises et, en effet, l’attribution de permissions de sortie, envisagées comme une étape préparatoire à un possible retour à la vie civile.
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