En 1967, Patrick Guerrand-Hermès, héritier de la marque de luxe, était en colère après le manque de succès de la première ligne de prêt-à-porter. Supervisé par lui et son cousin, Jean-Louis Dumas, le styliste choisi n’a pas réussi à répondre aux attentes de la marque. La situation urgente a amené Paule Evangelista, une éditrice du magazine Elle, à trouver une remplaçante – Catherine de Károlyi.
Âgée de 48 ans à l’époque et ayant une entrée discrète, De Károlyi est remarquée pour son élégance impeccable, son comportement aristocratique, sa sensibilité artistique et son penchant pour la beauté sans contraintes – un parfait mélange pour Hermès.
Sa relation avec Hermès, fondée en 1837, était si harmonieuse qu’elle y a passé toute sa carrière. Bien que son nom ne soit pas largement connu car les créateurs d’Hermès n’ont pas pour but d’être des vedettes, De Károlyi est creditée comme la première à définir l’éthos d’Hermès. Selon Menehould de Bazelaire, directrice du patrimoine culturel d’Hermès, De Károlyi a instauré « l’idée d’une élégance en mouvement », relevant d’une élégance vive et minimaliste, où l’on élimine le superflu pour ne garder que l’essentiel.
Elle avait passé vingt ans à Paris avant d’obtenir un poste chez Hermès, une étape majeure dans sa vie. Elle avait quitté son pays natal, la Hongrie soviétique, à la fin de 1947. Sa première expérience de la guerre avait été celles des six semaines entre décembre 1944 et février 1945 qu’elle avait passé à se cacher dans une cave, durant le siège de Budapest, comme le rappelle son fils aîné, Georges Károlyi, qui a servi en tant qu’ambassadeur de Hongrie en France.
Elle avait épousé le comte Étienne Károlyi, parent de Michel Károlyi qui avait été le premier président de la courte République démocratique hongroise qui a duré de novembre 1918 à mars 1919. Cela aurait pu lui assurer une existence luxueuse dans le palais néo-classique de Fehérvárcsurgó, qui appartenait à leur lignée, mais son exil l’a obligée à survivre par ses propres moyens, lui causant des difficultés financières constantes selon son fils, Georges Károlyi.
Ses compétences étaient essentiellement créatives, passionnée de vêtements depuis son plus jeune âge. Durant son enfance, elle s’amusait à créer des robes en papier découpé pour ses poupées. Plus tard, c’est en créant des costumes pour des pièces de théâtre mises en scène par Étienne Károlyi qu’elle a fait sa rencontre.
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