Lucie Letertre, une lycéenne âgée de 17 ans, exprime son aversion pour le jargon utilisé dans les médias. Elle est agacée par les clichés, les termes excessivement compliqués et les références obscures. Ceci est un sentiment partagé par nombre de ses pairs. La confrontation à une terminologie forgée et peu accessible les incite encore plus à faire défiler leurs écrans, c’est-à-dire à passer au contenu suivant. « Il m’arrive de ne pas saisir certaines informations pendant que je m’informe », dit-elle. Elle ajoute qu’une référence à un évènement qui nécessite des recherches supplémentaires pour comprendre l’article peut être décourageante. « Si je suis contrainte de lire la même phrase à plusieurs reprises, je décroche immédiatement ».
Chez les lecteurs du Monde, le groupe d’âge des 15-25 ans se distingue par leur manière de consommer l’information. Comme Lucie, qui est en première dans un lycée général à Cherbourg, ils ont tendance à abandonner les journaux papier traditionnels, les journaux télévisés et les émissions de radio. Ils lisent un peu, mais s’informent principalement à travers les vidéos, presque exclusivement sur les plateformes de médias sociaux. Les vidéos du Monde, disponibles gratuitement sur TikTok, Instagram, Facebook, YouTube et Snapchat, cumulaient plus de soixante-six millions de vues et des millions d’abonnés en juin 2024.
Le succès de Le Monde sur les plateformes sociales ne reflète pas les défis qu’il a dû relever. Pour demeurer pertinent quatre-vingts ans après sa création, le journal a dû s’aventurer bien au-delà de ses pages imprimées, s’intégrant dans des applications axées sur le divertissement, l’extraordinaire et le mode de vie. Le défi ne se limite pas à toucher la jeunesse afin de l’initier à l’information, il faut également réussir à maintenir son intérêt. Lucie Letertre synthétise parfaitement cette problématique contemporaine en déclarant qu’elle se distrait très facilement et qu’il n’est pas simple de la garder intéressée au-delà du titre d’un article.
Gagner la guerre de l’attention.
Des textos aux emails, en passant par les notifications, tout a été mis en œuvre pour capter notre intérêt. Cependant, malgré cette compétition féroce pour l’attention, les productions de Le Monde – des vidéos explicatives d’une à trois minutes sur des sujets d’actualité – ont réussi à trouver une place dans la vie de Lucie. Elle apprécie leur clarté et leur exhaustivité, nul besoin de s’interroger sur leur signification. Elle veut des médias qui proposent des contenus facilement assimilables, mais qui demeurent riches en informations. Un exemple parfait ? Une vidéo de Le Monde qui utilise l’humour pour expliquer le fonctionnement des élections européennes en comparant les groupes politiques du Parlement européen aux maisons de Poudlard de la saga Harry Potter. Lucie avoue qu’elle est plus encline à rester intéressée si elle rit, tout en comprenant que le sujet est sérieux. Selon elle, l’humour est un atout indéniable.
Il reste encore 60,44% de cet article à parcourir. Seuls les abonnés peuvent accéder à la suite.