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15 août 2024 21 h 11 min

« Guerre Ukraine: Attaque Koursk force négociations »

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Parcourez chacune de nos analyses, articles et reportages détaillés sur le conflit en Ukraine. Volodymyr Zelensky a admis un « déplacement de la guerre sur le territoire de l’agresseur », suite à l’invasion de l’armée ukrainienne en Russie.

La guerre asymétrique, selon le ministre ukrainien Mykhaïlo Fedorov, repose sur l’utilisation de technologies inattendues pour l’adversaire. L’opération militaire ukrainienne en Russie comporte des risques élevés pour Kiev.

Pour les athlètes ukrainiens se profilant pour les JO 2024, l’ombre du conflit se cache derrière leurs exploits. La guerre de l’Ukraine pose de multiples questions, notamment sur son usure.

Nos réponses à vos interrogations les plus fréquentes sont mises à disposition. Comment les forces de Moscou et Kiev emploient-elles des drones ?
Au fil des derniers mois, le conflit des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifié. D’après une étude d’un think tank britannique spécialisé en défense, publiée en mai 2023, les Ukrainiens perdaient près de 10 000 drones chaque mois sur le théâtre de guerre, soit plus de 300 par jour. Pour une mise en perspective, l’armée française détient approximativement 3 000 drones dans ses réserves.

Les drones civils bon marché et disponibles en grande quantité sont communément employés par les Ukrainiens et les Russes. Ceux-ci sont principalement utilisés pour la surveillance du champ de bataille et l’orientation des troupes ou des tirs d’artillerie; certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont larguées sur des tranchées ou des blindés.

Les UAV munis d’explosifs, également connus sous le nom de drones-kamikazes, bien que moins fréquents, ont une importance stratégique. Ils sont déployés au-dessus des lignes de front sans avoir un objectif spécifique au préalable. Les Lancet-3 russes et le Shahed-136 fabriqué en Iran sont utilisés par Moscou. Malgré son manque d’une véritable marine, l’Ukraine riposte avec des navires non-militarisés, des kayaks qui sont contrôlés à distance et remplis d’explosifs (450 kilos de TNT en l’occurrence).

La pertinence des drones pour leurs missions militaires a conduit les Ukrainiens et les Russes à non seulement acheter des UAV civils en grand nombre, mais aussi à créer leurs propres capacités de production. Initialement maladroite, l’industrie manufacturière ukrainienne a progressivement émergé au cours des dix années depuis le déclenchement de la guerre du Donbass. A la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation digitale a annoncé l’élaboration d’une reproduction du drone russe Lancet, désigné comme le Peroun, en honneur du dieu slave de la foudre et du tonnerre.

D’autre part, la Russie est confrontée à des difficultés en raison des sanctions occidentales qui freinent l’approvisionnement en composants électroniques. Cependant, les informations recueillies par les services de renseignements américains indiquent que la Russie a commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y produire des drones-kamikazes conçus en Iran, similaires aux Shahed-136.

En ce qui concerne l’état des stocks de missiles russes, il est presque impossible d’obtenir des informations précises à ce sujet. Les services de renseignement ukrainiens fournissent régulièrement des déclarations à ce sujet, mais ces chiffres sont souvent discutables.

Andri Ioussov, le représentant de la GUR, a informé selon Liga.net que l’armée russe avait 2300 missiles balistiques et de croisière avant la guerre, avec encore plus de 900 restants au début de l’année. Il a également mentionné l’addition de dix mille missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un gros stock de S-400, un modèle plus récent avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le second de GUR, a donné un chiffre de 585 missiles avec une portée excédant 500 kilomètres.

Quant aux capacités de production, elles semblent augmentées à une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, d’après plusieurs experts. En octobre, GUR estimait cette production à 115 unités.

La Russie aurait également obtenu des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait ses acquisitions. Reuters, se basant sur plusieurs sources iraniennes, a rapporté que 400 missiles iraniens du type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord fut établi. Le nombre exact de missiles nord-coréens obtenus par la Russie est inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les analyses d’experts sur les débris et les trajectoires suggèrent qu’il s’agit sans doute des modèles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Quant aux avions de combat F-16, la question reste ouverte.

En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé, en août 2023, le transfert de chasseurs F-16 vers l’Ukraine. Il y a potentiellement plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens – dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – mais tous ne sont pas en mesure de transférer immédiatement ces avions.

Volodymyr Zelensky avait mentionné que 42 F-16 étaient promis à Kiev par les alliés occidentaux, cependant, cette information n’a pas été validée. Le Danemark a promis 19 de ces avions de combat. Les 6 premiers ne seront pas livrés avant la fin de 2023, suivis de 8 autres en 2024 et 5 en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui se sont également engagés, possèdent 42 unités, mais ils n’ont pas indiqué combien ils prévoient de transférer.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés à l’utilisation de ces chasseurs américains. Onze nations alliées de Kiev se sont engagées à prendre en charge cette formation. L’OTAN a estimé que les soldats ukrainiens ne seraient capables d’utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, bien que d’autres experts prédisent l’été de la même année.

Quel type d’aide militaire les alliés fournissent-ils à Kiev ?

Deux ans après le lancement d’un conflit armé de grande ampleur, le soutien occidental en faveur de Kiev semble ralentir. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les aides initiées récemment ont régressé entre août 2023 et janvier 2024 en comparaison avec la même période de l’année précédente. La baisse pourrait devenir une tendance alors que le Sénat américain rencontre des difficultés pour approuver des aides. De même pour l’Union Européenne (UE) qui a dû affronter des obstacles pour faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, notamment à cause de l’opposition hongroise. Il est à noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Le rapport de l’institut allemand révèle que le nombre de donateurs se resserre et se centralise autour d’un groupe de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays nordiques et de l’Europe de l’Est qui fournissent à la fois une importante aide financière et de l’armement high-tech. Depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à donner un minimum de 276 milliards d’euros pour des raisons militaires, financières ou humanitaires.

En termes absolus, les pays les plus fortunés ont été les plus généreux. Les États-Unis sont de loin les plus grands donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’UE ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En analysant les dons en proportion du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, on constate un changement majeur dans le classement. Les États-Unis chutent à la vingtième place avec seulement 0,32% de leur PIB donné, ce qui est bien inférieur à certains pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. L’Estonie s’impose en tête avec un impressionnant 3,55% de son PIB, suivie du Danemark avec 2,41% et de la Norvège avec 1,72%. Les dernières places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, ayant tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, font partie des donateurs les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.
En ce qui concerne le pourcentage de PIB, la France n’est que vingt-septième, malgré un engagement de 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide de la France décroit constamment depuis l’attaque de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022.
Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les tensions sont montées entre l’Ukraine et la Pologne en raison du transit de céréales ukrainiennes sur une période de plusieurs mois. Pour assister la vente et l’évacuation de produits agricoles ukrainiens vers le Moyen-Orient et l’Afrique sans imposer de tarifs douaniers, la Commission européenne avait créé des « corridors de solidarité » au printemps 2022. Cependant, du point de vue de la Fondation Farm, groupe de discussion centré sur les enjeux mondiaux de l’agriculture, environ la moitié des céréales ukrainiennes ont transité ou terminé leur voyage à travers l’Union Européenne (UE) depuis l’escalade du conflit. Ces céréales sont vendues à un coût considérablement inférieur à celui du blé cultivé dans l’UE, particulièrement dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie, et la Slovaquie ont soutenu que ces céréales menacent leur marché local, influençant négativement les revenus de leurs agriculteurs. En conséquence, en avril 2023, ces pays ont mis un terme à leurs importations, une interdiction que Bruxelles a approuvé à condition qu’elle n’interfère pas avec le transit à d’autres pays et qu’elle ne dure que quatre mois. Mais la Pologne a estimé que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu, et a donc refusé de rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes fin été, malgré l’opinion de Bruxelles que l’embargo n’était plus justifié. Selon leurs analyses, il n’y avait plus de déformation des marchés de céréales nationaux.

Des agriculteurs en Pologne ont orchestré un blocus à la frontière ukrainienne empêchant les camions du pays d’entrer. Leur revendication est un arrêt total de l’importation des produits agricoles et alimentaires d’Ukraine. Ils se plaignent de l’augmentation de leurs coûts de production tandis que les prix sont au plus bas, et leurs silos et entrepôts sont surchargés. Au début de 2024, le président de l’Ukraine interprétait le blocage de la frontière comme un signe de la diminution de la solidarité envers son pays. Il a appelé à des discussions avec la Pologne. Il a aussi soutenu que ces tensions jouaient en faveur de Moscou, critiquant le soutien manifeste à Poutine.