L’armée ukrainienne a fait preuve d’une stratégie bien réfléchie lors de son irruption dans la région de Koursk, révélant ainsi les faiblesses de l’armée russe et ébranlant leur prétention d’être à l’écart du conflit. Le mardi 6 août a vu des milliers de soldats ukrainiens franchir sans difficulté majeure les frontières russes.
Les posts de sécurité russes situés le long des 245 kilomètres de frontière que Koursk partage avec l’Ukraine étaient principalement gardés par des conscrits et des unités d’infanterie légèrement armées. Ces forces dépendaient du FSB, le service de sécurité russe, et manquaient de formation adéquate.
La pénétration ukrainienne a été réalisée d’une manière stupéfiante. D’après Stéphane Audrand, expert en risques internationaux et officier de la réserve, « Ce ne fut pas vraiment difficile. Depuis le printemps 2022, cette frontière au Nord de Donbass était paisible, à part quelques raids mineurs. Par conséquent, une simple barrière composée de deux tranchées et de quelques champs de mines, tenue par des centaines de soldats du FSB et de la garde nationale russe, était tout ce qui les attendait. » Pour Moscou, cette zone, un no man’s land de cinq à dix kilomètres de profondeur, n’était pas vraiment une menace, et l’attention était focalisée sur le Donbass où les affrontements ont lieu depuis des mois.
Un expert militaire rapporte que les forces ukrainiennes ont franchi les frontières sans difficulté, la route étant libérée par leurs adversaires qui déminaient la zone en préparation d’une offensive. En effet, depuis un certain temps, les Russes planifiaient discrètement une attaque sur Soumy dans la zone frontalière. Ils avaient commencé le déminage, mais n’avaient pas encore rassemblé de troupes. Les Ukrainiens, en apprenant ce plan grâce à l’usage de drones et radars, y ont vu une occasion à saisir. Ils ont donc décidé de « prendre les devants » et ont lancé les premières attaques, explique Monsieur Audrand. Il ajoute: « C’est stratégique, ils ont repris le contrôle, alors que depuis novembre 2023, la Russie dictait le rythme. »
La surprise a été d’autant plus grande que Moscou était persuadé que les Ukrainiens n’étaient pas en position d’attaquer et qu’ils s’occupaient principalement du Donbass et de la Crimée. Cependant, quelques semaines avant l’invasion, Kiev avait déployé des milliers de soldats dans la région de Soumy. Comment se fait-il que ces mouvements aient échappé à l’attention des services de renseignement russes? « Je refuse de croire qu’ils ignoraient tout », a exprimé le général Andreï Gourouliev, vice-président du comité de défense de la Douma, la chambre inférieure du parlement russe, lors d’un entretien avec Svobodnaïa Pressa, média en ligne, le lundi 12 août.
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