Dans les ruelles d’Israël, les affiches représentant des otages ont subi des modifications depuis leur première apparition. Bien que les noms et les visages demeurent identiques, les âges ont dû être ajustés après plus de trois cent jours de captivité : l’un a 39 ans au lieu de 40, tandis qu’un autre a 20 ans au lieu de 19. « Nous cherchons un accord. Nous demandons à notre gouvernement d’assumer ses responsabilités. Il y a eu plusieurs opportunités manquées. Cependant, nous restons optimistes à chaque fois. Les otages ne peuvent pas résister beaucoup plus longtemps… », exprime avec préoccupation Naomi Sappir, bénévole au sein du Forum des familles d’otages et des disparus, une ONG Israélienne qui se bat pour garder l’intérêt du public sur cette cause.
Elle a orchestré, le lundi 12 août, la cérémonie de Tisha Beav à Jérusalem, consacrée cette année aux 115 captifs du Hamas sur les 240 otages capturés le 7 octobre 2023. La foule était conséquente, près de 2000 personnes de diverses croyances et cultures étaient présentes. Dans l’assemblée d’habitude plus laïque se mêlaient des familles de confession plus religieuse. Tisha Beav est une cérémonie commémorative en mémoire des tragédies qui se sont abattues sur le peuple juif, y compris la destruction des temples de Jérusalem, l’exil d’Espagne, et la Shoah. Il se peut que le massacre du 7 octobre 2023 soit bientôt ajouté à cette liste sombre. Plus précisément, la prise d’otages qui en a résulté, une situation sans précédent par son ampleur dans l’histoire d’Israël.
Le jeudi 15 août, Israël se prépare à entamer des discussions cruciales à Doha, sous la pression de son allié, les États-Unis. Le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a consenti à dépêcher des représentants dans la capitale du Qatar. Les négociations sont dans l’impasse depuis le premier cessez-le-feu de novembre 2023, qui a conduit à la libération de 80 Israéliens.
Si ces pourparlers échouent une fois de plus, la région pourrait être le théâtre d’une dangereuse escalade avec l’Iran et ses alliés, notamment le Hezbollah. Cela fait suite à l’assassinat ciblé de Fouad Chokr, un haut dirigeant du parti chiite, et d’Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, attribués à Israël et commis le même jour, le 31 juillet, à Beyrouth et à Téhéran.
Le 7 octobre 2023, l’enlèvement massif pourrait marquer une évolution majeure dans la doctrine de l’État d’Israël. Pour Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, deux figures du gouvernement appartenant à l’extrême droite suprémaciste, le coût du retour des otages semble exorbitant. Ces deux hommes sont essentiels pour que Nétanyahou puisse rester au pouvoir et échapper aux accusations de corruption, de fraude et d’abus de confiance qui pourraient lui valoir des peines de prison. Smotrich et Ben Gvir s’opposent à tout accord avec le Hamas, en faveur de la poursuite de la guerre et de la destruction irréversible de Gaza. Le premier considère un éventuel accord comme un « piège dangereux » tandis que le second le voit comme une « terrible erreur ».
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