Toutes les éditions de la série « Façons de parler » peuvent être consultées ici.
Les individus nés entre le milieu des années 1940 et 1960, communément appelés baby-boomers, ont dominé avec leurs valeurs, leur culture musicale, leur gastronomie, et inévitablement, leur langage. Cette suprématie qui a longtemps vu des hommes et des femmes cools profiter de la vie avec des scooters et des boissons a progressivement diminué. Une petite attention portée à leur discours révèle toujours quelques expressions emblématiques de la seconde moitié du 20e siècle.
Le langage des boomers est toujours aussi explicite et ceux-ci sont à peine disposés à renoncer à leur riche patrimoine linguistique. L’usage de l’adverbe « vachement » persiste pour exprimer une certaine impression. Ce qui est considéré comme « cool » aujourd’hui, il l’aurait autrefois qualifié de « chouette ». Il est regrettable qu’il n’emploie guère plus « épatant », un adjectif quelque peu désuet. On remarque que l’expression « super ! » , très prisée dans leur jeunesse, reste très utilisée pour exprimer de l’enthousiasme.
Pour exprimer leur déception ou indifférence, les individus de plus de 55 ans peuvent recourir à un « bof ! » désenchanté, ou encore à un « c’est ballot » d’un ton ironique. En cas de réel mécontentement, ils ne mentionneront pas le « seum », mais feront savoir qu’ils « l’ont mauvaise ».
« La classe à Dallas »—
Malgré le scepticisme de ses enfants, le boomeur persiste à placer son linge sur un séchoir Tancarville et à concocter son pot-au-feu en utilisant un Econome plutot qu’un économe de légumes. Il évoque avec nostalgie la phrase « C’est la Classe à Dallas », comme s’il tenait à se souvenir de la série d’une époque révolue des années 80. Il admire l’ameublement d’une demeure et la trouve « tendance », malgré son inspiration des années 80.
Le boomeur insiste à affirmer « C’est cool » et décrit avec enthousiasme une situation qu’il qualifie de « rock’n’roll », sans toutefois réaliser que le rock n’est plus le symbole de la rébellion d’antan. Ses enfants le traitent régulièrement de « relou », reflet d’une tentative malhabile mais honorable de se familiariser avec les dynamiques rapides du progrès technologique et de son utilisation. Les boomers promettent d’envoyer un « WhatsApp » à leurs petits-enfants et les pressent d’arrêter de passer leur temps sur l’ordinateur. Ah, ces jeunes!
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